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Le Procès du chien, du mordant en dents de scie

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

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Première réalisation de l’irrésistible comédienne Laetitia Dosch, Le Procès du chien, qui sort le 11 septembre au cinéma, séduit par son coté inclassable et déjanté, mais s’éparpille un peu trop dans son propos pour être complètement réussi.

Le procès du chien : l’histoire :

Avril Lucianni est avocate à Lausanne, en Suisse. Si elle est douée dans son métier, elle a cependant un gros défaut : tous les dossiers qu’elle accepte de défendre ont un caractère tellement désespéré et désespérant qu’ils sont perdus d’avance. Ce qui lui vaut les sermons de Jérôme, son patron, un homme dont les préoccupations se situent essentiellement au niveau de la ceinture et du porte-monnaie. Afin de redorer sa réputation auprès de ce dernier, Avril prend la résolution de ne plus accepter désormais que des affaires simples et facilement gagnables.

Mais la jeune femme se laisse ébranler lorsqu’elle rencontre Dariuch Michovski, un type échevelé, malvoyant et complètement perché, qui la sollicite pour défendre Cosmos, son chien adoré. Le toutou va en effet être jugé pour avoir attaqué plusieurs personnes, dont Lorène, une amie de Dariuch, qu’il a défigurée, et il est menacé d’être « endormi ». L’avocate consent finalement à plaider sa cause.

Va alors commencer un drôle de marathon à la barre, où il s’agira non seulement de sauver le quadrupède, mais aussi de montrer qu’il a agi instinctivement et naturellement si l’on veut bien se mettre dans sa peau de chien, ne pas anthropologiser son comportement, ni le considérer comme la simple propriété ou extension de son maitre. Bientôt, le procès de Cosmos va déborder du simple cadre du tribunal, et devenir un sujet de pugilat national, entre les adeptes de l’euthanasie de Cosmos et ceux qui veulent à tout prix le sauver…

A partir de quel âge ?

Le procès du chien est une comédie familiale déjantée, qu’on pourra voir dès 10 ans.

L’avis de MAFAMILLEZEN

A vrai dire, on a du mal à avoir une opinion très tranchée sur ce film. On ne peut qu’aimer le ton insolite et barré du scénario (d’ailleurs inspiré de faits réels) et la folie que distille Laetitia Dosch, qui se plait à composer un personnage sentimental et lunaire, très loin des requins des prétoires qu’on nous propose d’habitude dans les films et séries. Avril, avec son humanité en bandoulière, est touchante dans son job comme dans la vie, notamment avec son petit voisin qui subit et assiste à des maltraitances parentales.

La réalisatrice casse aussi les codes de la narration, en s’autorisant notamment l’usage de la voix off pour raconter sa propre histoire, avec sa subjectivité qui va avec. Le procès du chien soulève des vraies questions sur la place des animaux dans notre société et les devoirs que l’on a envers eux, au-delà du soutien affectif qu’ils nous apportent. En grossissant (à peine) le trait, le film pointe également notre vilaine tendance à nous embraser et à faire de nos débats d’opinion des véritables guerres, où la haine et les noms d’oiseaux servent de projectiles.

En revanche, il est dommage que l’intrigue soit si centrée sur le personnage d’Avril, façon one woman-show, au détriment des autres, notamment de ceux portés par François Damiens et Jean-Pascal Zadi. Les deux trublions, qui incarnent respectivement un marginal qui idolâtre son compagnon à quatre pattes, et un comportementaliste de la SPA, auraient mérité d’avoir des partitions plus étoffées, surtout quand on connait leur énorme potentiel comique.

Il est à regretter enfin que l’effervescence des idées de l’actrice-cinéaste aboutisse parfois à ce que la spectatrice ou le spectateur ne comprenne plus trop où elle veut en venir, ni ce qu’elle souhaite véritablement exprimer. Si on sait par exemple Laetitia Dosch féministe, il y a une espèce d’ambiguïté à ce sujet dans Le procès du chien.

Et même s’il faut garder en tête le fait que c’est son premier film, Le procès du chien souffre d’un canevas un peu décousu. Alors que son client est accusé d’être misogyne, Avril se creuse la tête pour savoir pourquoi Cosmos ne mord que les femmes… Bizarrement, on n’a à aucun moment la réponse, qui reste en suspens ! Et il y a des scènes dont on se demande à quoi elles servent, à l’image de ce qui se passe entre Avril et Cosmos dans la forêt, à part de faire « joli »

Mais au final, le positif -son originalité, la pertinence de sa réflexion, la virtuosité des interprètes- prime sur ce qui est moins abouti -la cohérence de l’ensemble- et on passe un bon moment en compagnie de ces drôles de spécimens et de Kodi, la star à poils du Procès du chien, qui prend avec brio la relève de Messi, la mascotte d’Anatomie d’une chute.

Le Procès du chien
Réalisé par :
Laetitia Dosch
Avec :
Laetitia Dosch, François Damiens et Jean-Pascal Zadi
Genre :
Comédie
Durée :
1h25
Sortie au cinéma :
le 11 septembre 2024

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