Dounia et la princesse d’Alep, la douceur d’un conte sur la douleur de l’exil

Blog Dounia et la princesse d’Alep, la douceur d’un conte sur la douleur de l’exil

Par Bénédicte Flye Sainte Marie le

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Dans le sillage de la série d’animation éponyme diffusée par Okoo au printemps 2022, le film Dounia et la princesse d’Alep, aussi sublime qu’émouvant, dépeint l’odyssée d’une famille syrienne contrainte par la guerre de trouver une nouvelle terre d’accueil.

Dounia et la princesse d’Alep : l’histoire

Dounia a six ans et vit à Alep, en Syrie. Après avoir perdu Leïla, sa mère, qui est morte lorsqu’elle l’a mise au monde, la petite fille a été ensuite privée de son père, arrêté par les miliciens qui le considèrent comme un ennemi politique du régime. A partir de ce moment-là, ce sont ses grands-maternels, Téta Mouné et Jeggo, qui ont veillé sur elle.

Et un autre drame se profile : progressivement, le fracas des armes gagne leur province. Leur maison est purement et simplement détruite avec, sous les décombres, le canari  « Habibi » que Dounia aimait tant. Face au danger qui rôde, Dounia et sa famille sont alors contraints de fuir Alep et de laisser derrière eux ce qui leur est cher. Dounia n’emporte dans sa main qu’un peu de nigelle, aussi baptisé « baraké » qui est selon leur voisine « l’ingrédient magique qui éloigne le mal de toute chose, même du mal » .

Commence alors un long voyage à travers le Proche-Orient et l’Europe, qu’ils entreprennent en compagnie d’autres habitants du quartier, Madame Dabouss et sa fille Lina, Abdo, le vendeur d’épices du souk, son épouse Nisrine et leur bébé. En route, ils sont rejoints par Joan, un joueur d’oud. Tous vont être confrontés à la faim, au froid, à l’inconfort et à l’hostilité que l’on manifeste dans les autres pays envers les migrants. Mais les fameuses petites graines magiques qu’elle garde précieusement, et la protection d’une créature céleste, vont permettre à Dounia et à ses compagnons d’infortune d’endurer l’indicible, et de trouver la maison qui les attend au bout de leur chemin….

A partir de quel âge ?

6-7 ans. Dounia et la princesse d’Alep traite évidemment de sujets difficiles, mais le fait avec poésie, et peut donc être vu par les plus jeunes

L’avis de MAFAMILLEZEN

Ce film d’animation est un bijou qu’il faut voir et revoir. Tout est en effet enchanteur dans Dounia et la princesse d’Alep. Le style d’animation choisi, à l’aquarelle, est très délicat sans pour autant verser dans le naïf ou dans un graphisme trop puéril.

L’histoire telle qu’elle nous est narrée nous chavire également le cœur. Dounia, Jeggo, Téta Mouné et les autres ont beau traverser toutes les épreuves possibles et imaginables, même les pires, la force de leur lien et leurs capacités de résilience font qu’ils parviendront à aller au bout de leur quête.  « On ne quitte jamais sa maison, Dounia. Parce que ta maison, c’est le monde entier, et sa porte est juste ici, dans ton cœur », lui explique ainsi son grand-père.

La bonne idée de ce long-métrage est également de se mettre à hauteur d’enfant : la violence des balles et des bombes, la blessure que constitue le fait de quitter son chez-soi, l’exploitation financière des migrants, l’extrême danger des traversées en mer, ou encore le rejet dont ils sont souvent victimes une fois qu’ils quittent leur région d’origine, sont tour à tour abordés. Mais ils sont évoqués à travers les yeux de Dounia, et non pas par le prisme des adultes. Or, grâce à sa mamie qui l’infuse de belles histoires depuis qu’elle est toute petite, la fillette a une imagination foisonnante qui lui permet de considérer les choses monstrueuses comme moins épouvantables qu’elles sont en réalité, de trouver un peu de joie dans ce qui est le plus laid et le plus effrayant. En regardant Dounia et la princesse d’Alep, on se demande d’ailleurs si les prodiges accomplis par le nigelle durant leur périple sont bien réels. Ou encore si cette jeune femme qui apparait régulièrement à Dounia sous forme de visions (dont on taira l’identité pour ne rien spoiler) afin de la guider dans son épopée, existe pour de vrai. Ou si tout cela ne vit que dans le cerveau de la petite fille que pour l’aider à supporter l’insupportable…

Enfin, les comédiens qui donnent de la voix pour interpréter les différents personnages sont très attendrissants. Notamment la solaire Rahaf Ataya, qui est comme Dounia, l’héroïne qu’elle « incarne », originaire de Syrie, et vit aujourd’hui au Canada.

Dounia et la princesse d’Alep
Réalisé par : Marya Zarif et André Kadi
Avec les voix de : 
Rahaf Ataya, Elsa Mardirossian et Manuel Tadros
Genre :
Animation, fantastique, aventure
Durée :
1h13
Sortie au cinéma : le 1er février 2023
A partir de 6 ans

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