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Déménager avec un ado : une transition souvent subie, rarement choisie

Par Coralie GARNIER - Mise à jour le

déménager avec des ados

Déménager, ça peut être une chouette aventure. C’est un nouveau départ, il y a un vent d’ailleurs, une excitation, une découverte… Certes. Mais il y a aussi que ce déménagement, ce sont nous les adultes qui l’avons choisi, et que nos enfants, en général, le “subissent”. Est-ce plus facile de déménager à certains âges qu’à d’autres ? Pas forcément… cela dépend des circonstances, des caractères. Cependant, si l’on devait se prononcer, il est clair que l’adolescence est une période où l’on a généralement peu envie d’être arraché à son cercle social. Alors, en tant que parent, on a envie de positiver : “Tu vas voir, ça va être chouette !”. Mais est-ce vraiment la meilleure manière d’aider notre ado ? Pas du tout, au contraire. Ce qui manque à nos ados dans cette période-là, c’est plutôt qu’on les écoute vraiment !

Perte de repères, rupture sociale : ce que vit réellement un ado qui déménage

L’adolescence est une période charnière, on le sait. Pas mal de remaniements au niveau cérébral, au niveau hormonal. L’ado est en pleine période de recherche identitaire, et cela passe beaucoup par le référentiel extérieur. Si le besoin d’appartenance est présent à tout âge, c’est à l’adolescence qu’il sort de la famille pour entrer dans le groupe des copains. Le monde de l’ado, ses repères, ce sont ses amis, sa place dans le groupe, ses relations.

D’un coup, le déménagement vient tout remettre en question. Ainsi déménager, pour un ado, c’est une double perte. D’abord la perte de tout ce que l’on quitte : les amis, les lieux, les habitudes… Puis la perte de ses repères, de sa place. Un peu comme si le sol devenait instable. On peut imaginer à quel point ça peut être perturbant !

Seulement voilà, lorsque l’enfant partage ce qu’il vit (car souvent, il le partage), ses parents le reçoivent souvent en cherchant à le rassurer. Un peu trop vite. Et le résultat, c’est que notre ado se sent incompris, et seul face à son vécu.

conséquences psychologiques d'un déménagement sur un ado

Pourquoi les ados ont besoin qu’on accueille leurs émotions, pas qu’on les minimise

Dans le fond, ça part d’une bonne intention. En tant que parent, on n’aime pas voir nos enfants souffrir. Ce n’est agréable ni pour eux, ni pour nous. Donc, on voudrait aider à faire disparaitre cette émotion. Voilà pourquoi on cherche à rassurer, au lieu d’accueillir leur tristesse, leur colère, leur détresse. Mais une émotion non accueillie ne disparaît pas : elle se déplace. Et ce qui commençait comme un partage entre l’adolescent et le parent se transforme alors en ressentiment : “De toute façon, tu comprends rien !”

Il est important de comprendre que déménager, c’est une perte. Et il va donc falloir prendre le temps d’en faire son deuil. De vivre la tristesse qui en découle naturellement. Car chaque émotion a sa fonction. La tristesse entraine un mouvement vers le bas. C’est l’émotion du lâcher. Celle qui permet de laisser ce qui part, de le sentir, de l’accepter, avant de partir vers autre chose. Il est donc essentiel d’écouter. Nous verrons un peu plus loin ce que cela signifie concrètement.

Un autre point qui peut rendre les choses compliquées pour les parents, c’est le mélange des émotions. Car si nous parlons ici de la détresse de notre ado, il est probable qu’il y ait en fait un mélange d’émotions ! Parfois, ce sera des moments d’enthousiasme. Lors de la découverte de la nouvelle maison, par exemple. C’est important de les accueillir aussi. Les impliquer à ces moments-là leur permet de ne pas seulement subis ce déménagement. Et lorsque ces moments d’enthousiasme se présentent, c’est précieux de savoir les capter. Voici quelques idées pour impliquer votre ado dans le déménagement, afin qu’il se sente acteur plutôt que spectateur.

déménagement ma fille est triste

Les bonnes pratiques pour une vraie écoute parentale lors d’un déménagement

La toute première habitude à prendre, c’est de simplement recevoir ce que nous dit notre enfant.
C’est vrai dans le cas d’un déménagement, mais c’est vrai aussi pour tous les autres sujets… Laisser dire, ne pas interrompre. Essayer de rejoindre l’autre là où il est, dans ce qu’il vit, dans ce qu’il sent. Vous verrez que, lorsque l’on n’en a pas l’habitude, ce n’est pas si simple.

Soyez à l’affut de toutes ces phrases qui minimisent : “Tu verras, tu vas t’y faire.” “C’est pas si grave.” Pensez plutôt à reformuler, à valider : “Oui, tu laisses beaucoup ici. C’est normal que tu sois triste.”

Bien sûr, on aimerait avoir une solution, mais il n’en existe pas. Seul le temps permet de faire son deuil. En attendant, on est là pour eux. Et c’est ça qui compte : de rester en connexion. Quand on arrive à développer cette posture d’écoute, on reste alors en lien avec notre ado, qui va se sentir moins seul dans cette période difficile. Et ça, en soi, c’est un début de solution. C’est même le mieux qu’on puisse faire pour l’aider. Ça n’empêchera pas de parler aussi de tout ce qu’il y a de positif dans ce déménagement, mais pas d’entrée de jeu. Et pas quand notre ado est dans une autre humeur.

mon ado ne veut pas déménager

Les bénéfices durables d’une écoute active chez l’adolescent

Développer cette écoute de notre enfant aura pour bénéfice immédiat de l’aider à mieux traverser cette étape. Mais ce n’est pas tout ! C’est également une occasion d’être plus en lien avec votre adolescent, de mieux comprendre son monde. Et puis, cela l’aidera à savoir accueillir ses émotions, à se mettre à l’écoute de lui-même, à sentir ce qui fait sens pour lui, à développer sa confiance en lui. Enfin, cela lui permettra de développer sa résilience… car après avoir eu l’occasion d’exprimer ses difficultés, il pourra, plus tard, observer le chemin parcouru, et s’apercevoir, avec le sourire, qu’il en est sorti vivant !

Nous, on aura simplement aidé nos ados à avancer, non pas en cherchant à faire disparaitre leur tristesse, mais en acceptant de la traverser avec eux, un pas après l’autre.

Coralie Garnier est maman de 4 enfants et créatrice du blog Les 6 doigts de la main. Elle accompagne parents et professionnels de l’éducation vers une posture éducative respectueuse de chacun, et une communication apaisée.

Pour la contactercoralie@les6doigtsdelamain.com / 07 56 88 68 92

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