
Adapté du premier roman éponyme, largement autobiographique, qu’Isabelle Carré a publié en 2018, Les rêveurs est un film à la fois doux et incisif qui fait dialoguer l’adolescence de l’héroïne, durant laquelle elle a connu une hospitalisation en psychiatrie, et le présent, afin de témoigner du pouvoir salvateur de l’art. Au cinéma le 12 novembre. Tentez de gagner des places dans l’espace Concours Mafamillezen !
Les rêveurs : l’histoire
Comédienne reconnue, Elisabeth a accepté d’animer à l’hôpital Necker des ateliers d’écriture pour des adolescents en détresse psychologique. Entre eux, le contact est d’abord un peu froid. Mais sa présence entre ces murs fait revenir à la surface les souvenirs qu’elle avait jusque-là tenus éloignés de sa mémoire : à quatorze ans, elle a en effet été internée dans ce même établissement, après avoir subi une humiliation de la part d’un garçon qui a profité de sa candeur pour gagner un pari. Elisabeth avait alors absorbé tout le contenu de l’armoire à pharmacie…
A Necker, Elisabeth, élevée au sein d’une tribu bohème où rien ne tournait vraiment rond, avait dû s’adapter à un cadre rigide, ultra-codifié et à une équipe de soignants, surnommée la « Gestapo », pour qui la prise de médicaments à haute dose était la solution à n’importe quel problème ou crise. Mais elle avait également côtoyé d’autres patients de son âge, également fragiles, voire incontrôlables. Jugés inadaptés par la société, tous avaient néanmoins tissé une amitié unique où ils s’acceptaient dans leurs différences ou leurs handicaps et avaient mis en place une vraie solidarité.
Parce qu’elle a vécu la même expérience que celle qu’ils traversent et utilise les bons mots pour la leur raconter, Elisabeth va parvenir à toucher au cœur les jeunes qu’elle accompagne, et leur permettre de libérer leur créativité. Elle leur offrira aussi, peut-être, le plus beau des cadeaux : la perspective d’un futur où leur hyperémotivité ne serait plus un fardeau mais une chance…
A partir de quel âge ?
On pourra emmener ses enfants voir Les rêveurs dès 9 ans.
L’avis de MAFAMILLEZEN
L’entrée dans ce film se fait à petit pas. Au départ, on ignore où ces Rêveurs vont nous amener. On alterne entre des séquences qui nous plongent dans les années 80, au cœur de la vie familiale bancale d’Elisabeth (père styliste qui passe son temps à fuir, mère anorexique, frère qui se réfugie dans la musique) et aujourd’hui. On ne sait pas non plus si on va réussir à se laisser emporter… Mais tout change à partir du moment où Elisabeth, après sa tentative de suicide, est conduite à l’hôpital Necker. Car c’est là où ce long-métrage décolle et prend toute sa puissance.
A travers ce parcours, qui est le sien à quelques détails près, Isabelle Carré brosse un vibrant tableau de l’âme adolescente dans ses errances, sa violence, mais aussi ses capacités de résilience. La thématique de la santé mentale, dont on parle beaucoup en 2025, mais qui n’était absolument pas un sujet il y a quatre décennies, est évoquée ici avec beaucoup de délicatesse, de pudeur et d’engagement.
Si elle incarne elle-même Elisabeth adulte, son double de fiction, Isabelle Carré s’est par ailleurs choisi un formidable alter-ego avec Tessa Dumont Janod, qui joue Elisabeth à quatorze ans. Un personnage qui est un étonnant mélange de failles et de détermination, notamment lorsqu’il faut réclamer un assouplissement des règles drastiques qui s’imposent aux pensionnaires de Necker ! Pourtant débutante devant les caméras, la jeune comédienne interprète avec conviction cette jeune fille perdue qui va se trouver, grâce au droit à la sensibilité et à la singularité qu’octroie le métier d’artiste. Elle passera le relais, une fois sa carrière construite, et inoculera ce même virus à des jeunes qui sont aussi égarés qu’elle l’était autrefois.
Avec Les Rêveurs, son premier film en tant que réalisatrice, comme à travers les trois livres qu’elle a écrits, Isabelle Carré démontre une nouvelle fois ce qu’elle a d’unique, cette forme de poésie qui transcende la tristesse et les blessures. En suivant sa trajectoire de vie comme en regardant ce qu’elle fait à l’écran, on ne peut pas s’empêcher de penser à cette phrase de Michel Audiard, « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière ». Avec son charme mélancolique, l’espoir qu’il distille malgré tout, ce film en diffuse beaucoup et mériterait de rayonner au box-office.
Les rêveurs
Réalisé par : Isabelle Carré
Avec : Isabelle Carré, Judith Chemla et Tessa Dumont Janod
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h46
Sortie au cinéma : le 12 novembre 2025
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