Nos bons plans pour découvrir la Martinique en famille

La plus belle saison en Martinique a débuté alors que la métropole entre doucement dans les jours froids et humides de l’hiver. Une bonne raison pour s’offrir un séjour en famille dans cette île des Caraïbes qui s’explore très facilement en voiture. Pour voir plus loin que les plages et les palmiers, voici nos bonnes adresses et conseils pour ne pas passer à côté des trésors martiniquais…

Visiter la Fondation Clément, un centre d’art et d’histoire incontournable en Martinique

La Fondation Clément, à Le François, est l’un des sites incontournables en Martinique. Mais, même si elle figure dans tous les guides, il faut avouer que sa visite s’impose lorsque l’on découvre l’île. Le site est immense et toute la famille pourra y trouver un point d’intérêt. Ainsi, ceux qui aiment l’histoire seront fascinés en visitant l’Habitation Clément. En Martinique une « habitation » est le nom donné à un ancien domaine agricole exploitant la canne à sucre. Celle de la famille Clément date de la fin du 19ème siècle lorsqu’elle régnait sur plus de 160 hectares de terres agricoles.

On visite cette magnifique maison créole pour se faire une idée de la manière dont les grandes familles vivaient alors, dans un confort, voire un luxe, impressionnant pour l’époque. On peut aussi visiter les anciens bâtiments de l’usine qui transformaient la canne en rhum avec un parcours didactique qui permet de tout comprendre de ce travail de distillation.

Mais on peut aussi simplement se promener dans les vastes jardins parsemés d’œuvres d’art contemporain. S’y balader est un vrai délice tant tout est soigné et joliment agencé. Enfin, la fondation abrite le plus vaste centre d’art de l’île qui propose des expositions d’art contemporain mettant en lumière les artistes de l’arc caribéen. Une programmation parfois pointue, toujours très intéressante. Bref, la Fondation Clément est un véritable outil culturel dont la visite s’impose !

Se souvenir de la plus grande catastrophe naturelle française à Saint-Pierre

Une visite de Saint-Pierre va intéresser tous ceux que l’histoire passionne. Mieux, elle devrait être recommandée à tous les « métropolitains » auxquels on a oublié d’enseigner cette catastrophe qui a touché nos compatriotes à l’aube du 20ème siècle.

Saint-Pierre était alors la principale ville de Martinique. Une cité florissante d’où partaient pour l’Europe sucre, rhum et autres denrées « exotiques » et qui hébergeait jusqu’à 30 000 habitants. Les belles demeures en pierre étaient bordées de rues éclairées par des lampadaires électriques avant que cette technologie ne soit déployée à… Paris ! La belle société se divertissait dans les théâtres où l’on montait les grands succès parisiens.

Une intense vie culturelle, politique et économique animait cette cité moderne qui va pourtant disparaître en quelques minutes le 8 mai 1902 englouti par une nuée pyroclastique dévalant la montagne Pelée, un volcan dont on n’imaginait pas qu’il puisse être aussi dévastateur. En quelques minutes, on estime que 28 000 hommes, femmes et enfants meurent. La ville est dévastée par la déflagration liée à l’explosion alors que dans la baie de Saint-Pierre les bateaux au mouillage flambent sur l’eau.

L’explosion de la montagne pelée reste la catastrophe liée à un volcan la plus mortelle du 20ème siècle ! Pour mémoire, on estime que 3 000 personnes sont mortes à Pompéi. Et pourtant, on connait tous très bien cette catastrophe de l’Antiquité, alors que nous sommes nombreux à ignorer que nos compatriotes des Antilles ont péri en masse dans cette catastrophe qui a pourtant, à l’époque, choqué le monde entier.

Pour rattraper cette ignorance et découvrir ce fait tristement absent de nos manuels d’Histoire, une visite au formidable Mémorial de la catastrophe s’impose. La scénographie très contemporaine vous immerge dans l’histoire de Saint-Pierre à l’aube de ce désastre. On s’émeut devant les objets du quotidien « fossilisés » par la fournaise : des amas de fourchettes agglomérées, du pain, du fromage ou du riz figés par la cendre…

Il faut ensuite parcourir les rues de ce qui fut le « Paris des Antilles » et s’arrêter devant les ruines d’un théâtre qui pouvait accueillir 800 spectateurs, ou celles de cette église qui venait d’être inaugurée et dont les restes vous font penser aux temples antiques de Grèce… Bref, Saint-Pierre, aujourd’hui une petite bourgade tranquille bordée de belles plages, mérite vraiment une visite pour découvrir cette tragédie de notre grand roman national.

S’initier à la culture du rhum, l’âme de la Martinique

Venir en Martinique sans s’initier à l’art de vivre lié au rhum, c’est passer à côté d’un aspect notoire de la culture martiniquaise. Car l’élevage de la canne à sucre donnant naissance, par distillation, à ce nectar aux multiples saveurs, est chevillé à l’âme martiniquaise. On compte une quinzaine de distilleries sur l’île qui s’enorgueillit d’être le seul territoire au monde à proposer du rhum dit « agricole » (soit issu du pur jus de cannes) et bénéficiant d’une AOC. C’est dire combien les martiniquais sont fiers de leurs rhums, qu’ils consomment majoritairement nature, avec un zeste de citron vert, du sucre ou du sirop de canne. Le fameux « ti punch » que l’on vous propose partout.

Pour éviter de passer pour un touriste aux papilles mal éduquées pour apprécier la finesse du rhum blanc martiniquais, évitez de commander un « planteur ». Ce cocktail qui mélange rhum et jus de fruits a été créé pour répondre à la demande de touristes, et vous fera passer d’emblée pour un « métro » à peine descendu de l’avion !

Toutes les distilleries proposent des visites et des dégustations. Nous vous proposons de découvrir la petite dernière, créée en 2021, qui reste éloignée des parcours touristiques et qui propose des rhums d’une grande finesse. La distillerie Baie des trésors a souhaité faire des rhum parcellaires, soit avec des cannes qui sont cultivées sur des emplacements spécifiques, en bord de mer, ou au contraire dans une zone très aride, donnant ainsi des jus aux saveurs éloignées les unes des autres. Une approche en termes de terroir qui se rapproche de l’univers du vin et qui donne quelques cuvées d’une grande délicatesse.

Outre la dégustation sur place, on peut visiter les jardins et jouer à une chasse au trésor en cherchant les QR codes disséminés autour de la maison des propriétaires historiques, qui se visite également. Bref, de quoi occuper les enfants pendant que les parents dégustent ces rhums rares aux noms évocateurs : fleurs du vent, fruit des pluies, brin d’amour…

Participer à un atelier de musique bèlè

Outre le rhum, l’âme martiniquaise se trouve aussi dans le Bélé, cet art de la danse et de la musique qui est partagé dans toute la zone caribéenne. On peut découvrir cette culture à la Maison du Bèlè à Sainte-Marie qui abrite un joli petit musée exposant les racines de cet art et son histoire. On y découvre aussi l’instrument de musique indispensable à sa pratique : un tambour fabriqué à partir des lattes de… fûts de rhum, évidemment ! A l’entrée du musée, on peut regarder un artisan confectionner cet instrument qui demande un vrai savoir-faire traditionnel.

Outre l’exposition permanente, la Maison du Bélé propose des ateliers pour petits et grands. On vous initie alors à l’art de frapper en chantant sur le tambour qui est actionné par deux musiciens : le « tanbouyé » qui frappe de ses mains la peau de cabri tendu, et le « tibwa » qui donne le rythme en frappant l’arrière du tambour avec deux baguettes de bois. On peut aussi prendre des leçons pour apprendre les danses qui accompagnent le tambour. Et, évidemment, il y a régulièrement des spectacles qui réunissent des martiniquais attachés à perpétuer cette tradition toujours très vivace dans la vie quotidienne des habitants de l’île…

Revivre l’enfance de la jeune Joséphine, future impératrice des Français

Avant de devenir impératrice des Français au bras de Napoléon, Joséphine de Beauharnais était une petite fille créole qui profitait de la douceur de vie des Antilles quand on est né dans une famille de « béké », ces Européens venus s’installer en Martinique pour exploiter la canne. A cette époque, elle n’est pas encore mariée à Alexandre de Beauharnais et Napoléon ne l’a pas encore rebaptisé Joséphine en l’épousant. C’est donc la petite Marie Josèphe Rose de Tascher de La Pagerie dont on découvre l’enfance en visitant le Domaine de la Pagerie.

Disons-le tout net, il faut faire preuve de pas mal d’imagination pour voir la petite fille vivre et jouer dans ce qui reste du domaine, détruit par un ouragan il y a bien longtemps, et converti en lieu mémoriel où il ne subsiste que peu de bâtiments. On visite tout de même un petit musée et quelques bâtiments anciens. Le tout est un brin désuet, mais il est tout de même agréable de marcher dans les pas de cette femme à la vie plus que romanesque, qui sera le grand amour de Napoléon et qui passera à la postérité loin des champs de cannes de son enfance…

S’immerger dans la nature au Domaine d’Emeraude

Pour les amoureux de nature et tous ceux qui sont curieux de découvrir la flore locale, une visite du Domaine d’Emeraude s’impose. Au cœur du Parc naturel régional de Martinique, ce grand jardin vous immerge dans une nature maîtrisée pour vous permettre de découvrir les plantes médicinales si importantes dans la vie quotidienne, aujourd’hui encore, de tous les Martiniquais.

Les quatre kilomètres de sentiers de promenade permettent aussi de découvrir les arbres et autres plantes endémiques et de se faire une idée de la flore tropicale. Moins connu que les Jardins de Balata qui sont très touristiques, le Domaine d’Emeraude apparaît plus authentique, comme un petit jardin secret à découvrir…

Admirer une statue immergée et des colosse de pierres

L’artiste Laurent Valère a disposé deux de ses œuvres sur l’île de la Martinique. La plus surprenante s’appelle Mamman Dlo et, pour la voir, il faut mettre masque, tuba et palmes ! En effet, cette statue de plus de 20 tonnes repose sous les eaux calmes de la baie de Saint-Pierre. Elle est facilement accessible depuis le rivage, et donc toute la famille peut s’offrir cette balade insolite. Manman Dlo signifie « la mère de l’eau » en créole. Mi-légende, mi-œuvre d’art, cette sculpture immergée est devenue un récif vivant, parfait pour voir les poissons qui y trouvent refuge et viennent se nourrir auprès de la flore qui s’y développe…

L’autre création de Laurent Valère n’est pas moins massive, mais elle est plus facile d’accès, puisqu’elle est disposée au bord d’une route, sur une corniche face à l’océan et la pointe du Diamant, cet étonnant rocher-île qui émerge au milieu des flots. Elle représente des géants de pierre qui commémorent le naufrage d’un navire négrier en 1830. Un monument très émouvant…

Se souvenir de l’histoire tourmentée des Antilles françaises

L’histoire de la Martinique, comme celle de la Guadeloupe, est marquée par la traite négrière et l’esclavage, qui ont conduit des milliers d’hommes et de femmes d’Afrique jusqu’aux plantations de cannes à sucre des Antilles. Pour découvrir cette histoire tourmentée, la Savane des esclaves est un site vraiment intéressant. On doit ce lieu au travail acharné de Gilbert Larose, un Martiniquais passionné par l’histoire de son île, qui a consacré de nombreuses années à reconstituer sur trois hectares un village d’antan avec ses cases traditionnelle, mais aussi un village amérindiens qui rend hommage aux premiers habitants de l’île, présents avant l’arrivée des colons européens.

L’ensemble est très bien fait, avec des statues humaines, un jardin créole et diverses ressources pédagogiques, comme des vidéos et nombre de panneaux explicatifs. Après une balade dans ce site unique en son genre, on comprend mieux la vie et l’histoire des ancêtres des Martiniquais d’aujourd’hui…

Où séjourner en Martinique ?

Disons-le tout net, l’offre hôtelière en Martinique n’est pas des plus florissantes. Rares sont les grandes enseignes internationales à y être présentes, à l’image du groupe Accor qui a quitté les Antilles (Guadeloupe et Martinique) il y a plus de 20 ans. Et les hôtels exploités le sont donc par des locaux ou des particuliers, avec des niveaux de service qui fluctuent donc beaucoup d’un établissement à l’autre. Une situation qui s’explique aussi par la volonté des visiteurs de préférer louer un logement touristique, appartement en bord de mer ou villa dans les terres. Résultat, les offres de locations sont très nombreuses sur l’île au détriment des hôtels…

Pour autant, voilà deux hôtels que nous avons testés et que nous vous recommandons.

L’hôtel Frégate Bleue, au François

L’hôtel Frégate Bleue est situé au Sud-Est de la Martinique, sur la commune du François. On y trouve des chambres au confort simple, mais beaucoup ont une vue sur les îlets et l’océan Atlantique (même si la plage n’est pas accessible à pied depuis l’hôtel). Surtout, les chambres sont vastes, certaines en mezzanines, donc parfaites pour les familles.

L’hôtel dispose d’une petite piscine et d’un restaurant qui propose une cuisine française bien réalisée. Et on aime beaucoup l’architecture des petites maisons en bois qui vous dépaysent dès que vous avez déposé votre valise dans la chambre !

La Suite Villa, aux Trois-Ilets

La Suite Villa, situé aux Trois-Ilets, est plus luxueux puisqu’il s’agit d’un hôtel 5 étoiles. Les chambres-suites offrent en général un jacuzzi sur la terrasse, et les lits sont surélevés pour que vous puissiez vous réveiller en voyant la mer au loin. Quelle bonne idée ! Cet hôtel propose aussi des villas avec jardin et piscine privatifs pour les tribus qui veulent passer un bon moment en famille. Le chef du restaurant est aussi très doué. Bref, voilà un établissement de charme pour ceux qui veulent se faire plaisir pour une nuit ou plus dans un bel endroit…

Notre restaurant coup de cœur : Petibonum, au Carbet

Notre coup de cœur va avant tout pour un homme, charismatique et amical, qui transforme votre repas en un moment inoubliable. Guy Ferdinand est connu (et reconnu) pour sa tenue iconoclaste puisqu’il cuisine… en short ! Déjà, voilà qui vous immerge d’emblée dans l’exotisme des Antilles ! Mais outre sa tenue, ce chef est hyper sympathique et toujours prêt à vous conseiller sur les meilleurs spots à découvrir.

Et sa cuisine, aux couleurs et aux saveurs de la Martinique, est aussi délicieuse. On la déguste au Petibonum, son resto de plage au Carbet dans le Nord-Ouest de l’île, les pieds dans l’eau avec un verre de rhum à la main, ce chef étant un amateur très éclairé de la boisson préférée des Martiniquais.

Il vient aussi d’ouvrir Aquarium, au Marigot, un resto qui dispose de sa piscine entourée d’une petite plage artificielle en sable. On y déguste, là aussi, une très bonne cuisine locale. Guy Ferdinand a baptisé ses restos du nom des camps romains entourant le village d’Astérix et Obélix (Petibonum, Aquarium… vous avez la référence là ?). Rien que cela rend le personnage attachant. Comme, en plus, sa cuisine est authentique et réussie, on ne cache pas notre coup de cœur pour le chef comme pour ses restaurants…

Pour toutes les infos sur la Martinique, vous pouvez consulter le site de l’office de tourisme

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