
Aux beaux jours, vous sentez comme des envies prendre le large… Et si vous vous faisiez capitaine ? Pas besoin de permis bateau pour partir à l’aventure sur les flots : nous avons testé trois escapades sur rivières et canaux, belles et faciles pour les marins d’eau douce, qui vous garantissent un week-end en famille inoubliable !
Le saviez-vous ? Une petite heure d’initiation peut suffire pour prendre les commandes d’un bateau et ou d’une pénichette de location, qui se multiplient sur le (vaste) territoire fluvial français. Cette façon de voyager toute en douceur, lenteur et rêveries, en suivant le fil de l’eau, a le vent en poupe : le secteur du tourisme fluvial a enregistré en Europe, en 2023, une hausse de 15% de son chiffre d’affaires et de 10% pour son nombre de passagers !
Voici nos trois destinations préférées pour un court séjour sur l’eau sur un bateau sans permis.
Le Canal du Midi : un classique incontournable
Le canal le plus célèbre de France
Evidemment, le canal du Midi, c’est la star des canaux français. Il a été le premier à développer autant le tourisme fluvial, et il est émaillé de plus de 300 ouvrages d’art, dont une douzaine représentent de véritables prouesses (voûte Vauban, pont-canal de l’Orb, tunnel du Malpas, cales de Radoub, écluse ronde d’Agde, et les Neuf écluses de Fonserannes, à Béziers.)
Facile à naviguer aux beaux jours, Le Canal du Midi ne compte pas moins de huit bases gérées par Le Boat, leader sur le canal, qui propose des bateaux sans permis au confort inégalé. Mais attention, pour la seule partie méridionale, il faut bien compter une semaine de croisière, d’autant qu’il faut ensuite retourner d’où on vient !
Une portion idéale pour un week-end : de Homps au Somail
Si vous ne partez que le temps d’un week-end, on vous conseille donc de privilégier un départ sur la base de Homps, proche de Carcassonne, qui vous permettra de naviguer sur l’une des plus jolies portions de l’oeuvre de Paul Riquet. Vous pourrez laisser votre voiture sur la base de Homps, dans un parking parfaitement sécurisé, et aller vous baigner au lac de Jouarres, tout proche, avant de prendre le départ.
Première escale : baignade et charme à Argens-Minervois
Première escale conseillée sur cette portion du Canal du Midi, à l’aller ou au retour, dans le joli village d’Argens-Minervois, et aux alentours de Paraza, où on peut aussi se baigner dans la Cesse : cette rivière très propre, voisine du canal, forme à certains endroits de jolies piscines rafraîchissantes !
Pour votre première soirée, n’hésitez pas à vous arrêter où vous voulez, en pleine solitude ! C’est l’un des grands avantages du voyage en bateau sur les canaux, en particulier celui-ci dont les berges sont facilement « accostables ».Rien ne vous oblige à aller vous amarrer dans un port, vous pouvez faire escale où bon vous semble, à condition d’anticiper la fermeture des écluses, à 17 heures, et le coucher du soleil : il vous faut trouver un abri pour la nuit avant que celle-ci soit tombée.
A l’heure de l’apéro, sur le pont, vous vivrez le plus beau des moments, quand le soleil tombe à l’horizon au coeur de ce paysage enfoui dans les roseaux, et vous pourrez faire tout le bruit que vous voulez lors d’une soirée conviviale en famille : karaoké, piste de danse ou jeux de société endiablés, qu’importe, seuls quelques poissons risquent d’être dérangés !
Deuxième escale : charme et surprises au Somail
Le deuxième soir, faites une halte plus « civilisée » au Somail, ravissant village qu’on aborde en passant sous l’arc pointu d’un pont médiéval flanqué d’un beau palmier. Certains n’hésitent pas à comparer le Somail au « Saint-Trop’ du Canal » ! Il faut dire qu’il a de jolies petites boutiques de créateurs et terrasses de restos, une péniche épicerie très conviviale et une incroyable librairie, bien connue des plaisanciers ! Elle trône sur la rive, incongrue dans ce hameau – sous un plafond cathédrale, elle contient plus de 100 000 ouvrages !
Le lendemain, il vous faudra déjà prendre le chemin du retour. Mais comme vous le constaterez, même si on croit avoir tout vu à l’aller, on en découvre encore, et le paysage se révèle différemment. Etonnant !
Les Rivières de l’Ouest : immersion nature
Le plus vaste réseau fluvial de France
C’est un tout nouveau territoire, créé sur le nœud fluvial qui unit trois départements, l’Anjou, la Mayenne et la Sarthe : les Rivières de l’Ouest®, en s’unissant en 2022, sont devenues le plus grand bassin navigable de France. On l’explore en naviguant sur la Mayenne, la Sarthe, la Maine ou l’Oudon, quatre cours d’eau qui irriguent trois départements . Pour un court voyage de deux ou trois jours, on vous conseille d’embarquer sur la Mayenne, à Grez-Neuville , petit port fluvial plein de charme, avec ses rives verdoyantes et ses toits d’ardoise.
Embarquez à Grez-Neuville, sur la Mayenne
Ici, on peut louer un petit bateau Nicols avec Anjou Navigation, qui prépare votre embarcation et organise votre parcours. Avant d’embarquer, allez déjeuner ou prendre un verre à l’Ecluse, pittoresque établissement à quelques mètres de la rivière : c’est l’une de ces nombreuses « guinguettes » que vous allez croiser et auxquelles il est bien difficile de résister !
Détour royal : le château du Plessis-Bourré à vélo
A Ecuillé, enfourchez vos vélos pour aller visiter le château de Plessis-Bourré (environ 25 minutes de vélo ou 1H30 de marche), qui a servi de décor au célèbre film Peau d’Âne. Après l’avoir visité, vous pourrez chercher un refuge pour la nuit : plusieurs pontons facilitent l’accostage autour de Feneu, où vous trouverez aussi l’accueillante guinguette du Port Albert.
Cap sur Angers : port, patrimoine et ville d’art
Le lendemain, il vous faudra environ deux heures de navigation pour parvenir à Angers, où vous changez de rivière : vous voilà sur la plus courte de celles de l’Ouest, la Maine, avec ses 11 km et son unique écluse. Elle irrigue l’ancienne capitale des Ducs d’Anjou, dont le joli petit port est souvent complet : mieux vaut accoster à Cantenay Epinard et continuer vers le centre d’Angers à pied ou à vélo. Vous pourrez visiter le très beau coeur historique et sa monumentale forteresse médiévale, qui abrite la célèbre tapisserie de l’Apocalypse, avant de repartir vers votre embarcation.
Escale sur l’île Saint-Aubin, joyau naturel en pleine ville
Contournez l’ilôt Saint-Aubin, île dans la ville qui se trouve exactement à la croisée des rivières, là où la Maine donne naissance à la Sarthe et à la Mayenne. L’été, vous pouvez accoster sur l’île, reliée à Angers par un bac à chaînes, et explorer ses 600 hectares de prairies naturelles, classées Natura 2000 !
Ensuite, il sera déjà temps de repartir pour Grez-Neuville, avec l’envie de revenir plus longtemps, pour filer sur les 122 km de la tortueuse Mayenne, ou passer les 20 écluses de la Sarthe et découvrir le Mans…
Les canaux de Bourgogne : entre nature et patrimoine
Point de départ : Digoin, carrefour des voies navigables
C’est de Digoin, croisée des chemins ou plutôt des canaux, qu’on vous conseille de prendre le départ sur le plus grand réseau fluvial de France, celui de Bourgogne-Franche-Comté. Ici vous serez en effet au confluent de trois canaux et quatre rivières, tous reliés entre eux : l’Arroux, la Bourbince, la Vouzance et l’Arconce… plus un fleuve royal, la Loire !
Destination nature : le canal de Roanne à Digoin
Pour une courte escapade, choisissez le canal de « Roanne à Digoin » : il est le plus sauvage, s’enfonçant sur 56 petits kilomètres dans les profondeurs vertes des pâturages du Brionnais, où paissent des bœufs blancs que vous verrez parfois, lorsqu’il fait chaud, plongés en plein canal pour un petit bain rafraîchissant !
Départ spectaculaire assuré, sur un ouvrage impressionnant de 243 mètres de longueur, mis en service en 1838 après quatre ans de travaux : le pont-canal de Digoin est un passage obligé pour aller vers Roanne. Il ne s’emprunte qu’en bateau ou à pied et offre un panorama splendide sur toute la largeur de la Loire qu’il surplombe, juché sur ses onze énormes piliers ancrés à trois mètres de profondeur. La partie inférieure forme des arcs de béton, qui donnent une beauté toute particulière à ce pont aqueduc, la nuit, lorsque les arcs illuminés forment dans l’eau noire des cercles parfaits grâce au jeu des reflets.
Croisière silencieuse au cœur du Brionnais
Vous passerez très vite votre première écluse, qui ferme le canal du Centre et ouvre les portes des deux autres canaux, celui latéral à la Loire et celui de Roanne à Digoin. Engagez-vous sur ce dernier, surnommé « le Fleuve tranquille », dans un parfait silence grâce à votre bateau 100 % électrique (Les Canalous). Idéal pour ne pas troubler la nature, et les nombreux animaux que vous allez croiser : hérons cendrés, ragondins, aigrettes, et même castors ou cigognes… Emportez des jumelles et ouvrez grands les yeux en longeant les berges verdoyantes.
Escale vélo à Chambilly et détour par Marcigny
A la halte nautique de Chambilly, mettez pied à terre : si vous avez des bicyclettes à bord, vous pourrez filer jusqu’à Marcigny, joli village facilement accessible (environ 15 mn de vélo) et très typique de la région. Après l’avoir visité, il sera temps de faire demi-tour.
Pour aller jusqu’à Roanne et revenir, il faut allonger votre escapade et compter au moins une semaine de navigation.
Nos adresses et contacts pour plus d’infos
- Le Boat, www.leboat.fr
- Les Canalous / Tel. 03.85.53.76.74, https://www.lescanalous.com/
- Anjou Navigation, 1 Quai de l’Hirondelle, 49220 Grez-Neuville, 02 43 95 14 42, www.anjou-navigation.fr
- Site de la Fédération des Industries Nautiques (FIN), https://www.location-fluviale.com
- Calculer vous-mêmes votre itinéraire grâce à un outil de calcul très pratique, à utiliser pour toutes vos navigations fluviales partout en France : Fluviacap
- Trouver toutes les infos sur les régions fluviales visitées : https://www.canal-du-midi.com/ ; www.rivieres-ouest.com ; office de Tourisme du Grand Charolais
D’autres belles idées de balades fluviales :
Dans le livre « La France en 200 escapades au fil de l’eau », qui vient de sortir chez Larousse… Commander sur Amazon
Des bateaux sans permis… vraiment ?
Que vous choisissiez de naviguer avec le leader européen, Le Boat, qui propose plus de 900 bateaux en partenariat avec le constructeur Beneteau, avec Locaboat, dont les bateaux sont fabriqués par Nicols, ou encore avec Les Canalous, le seul à posséder son propre chantier naval à Digoin, en Bourgogne, le principe sera toujours le même : vous réservez, à distance via le site du loueur, ou par téléphone.
Une fois sur place, on vous accueille, on vous informe et on vous forme… rapidement : une petite heure d’instructions et de navigation, et vous voilà fins prêts à prendre seul les commandes de ces bateaux faussement dits « sans permis ». Alors qu’en est-il vraiment, un permis bateau est-il ou non obligatoire pour conduire ce type de bateau de plaisance ? « En réalité, un agrément permet aux loueurs de délivrer un permis provisoire à leurs locataires », précise Alfred Carignant, DG des Canalous et administrateur de la Fédération des Industries Nautiques (FIN). « Leur moteur de 40 CV est beaucoup moins polluant qu’une voiture, et leur consommation bridée permet d’aller au maximum à 8km/h »
Bateaux fluviaux, lequel choisir ?
Des bateaux respectueux de l’environnement
Cette petite vitesse, qui est de règle sur tous les canaux, français et européens, c’est l’assurance d’un « slow tourisme » écolo, respectueux de l’environnement. D’autant plus que beaucoup de ces bateaux sont désormais, en partie ou en totalité, électriques, voire à hydrogène comme le William Grove, dernier-né sur les chantiers des Canalous – mais pour l’instant, unique et à l’essai, seulement pour des promenades à la journée.
Certains bateaux ont même des petits panneaux solaires, et s’il faut recharger en électricité, eau et carburant, cela se fait facilement (et parfois gratuitement pour l’eau) dans les ports et bases équipées, qu’on vous signalera sur le parcours. Mais sur la durée d’un week-end, vous n’en aurez sans doute pas besoin.
Des équipements pour faciliter et agrémenter la vie à bord
Quel que soit le loueur, ne croyez pas que vous serez forcément à l’étroit sur un bateau sans permis : tous ont des gammes qui vont du petit bateau pour deux, avec une cabine, aux très grands et luxueux modèles de 15 mètres où on peut passer véritablement plusieurs jours sans s’entasser, jusqu’à 12 personnes – comme le magnifique Horizon 5 proposé par Le Boat, ou le Tarpon 49 des Canalous, proposant tous deux cinq cabines super bien conçues, avec chacune leur salle de bains et toilettes privatives !
L’année dernière, Le Boat a lancé avec Beneteau, sa nouvelle flotte, Liberty, encore plus confort sur le plan de la navigation comme de l’habitacle : système de conduite facilitant la navigation sous tous les angles, trois espaces extérieurs aménagés, wi-fi, bluetooth, smart TV, machines nespresso, clim…
Et dans la plupart des bateaux de ces principaux loueurs, vous disposerez de planchas ou barbecues, réfrigérateurs mais aussi congélateurs, grandes tables conviviales et chaises longues sur les ponts supérieurs, douchettes extérieures pour se rafraîchir – vraiment précieuses par temps chaud !
Certains services sont en option, comme les forfaits ménage ou ramassage des ordures, mais s’il n’y avait qu’une option à prendre, choisissez celle des vélos, vraiment utiles aux escales ! Quand aux chaises longues, on préfère vous prévenir : vous n’aurez pas tant de temps que vous pourriez le croire à lézarder sur le pont… Slow tourisme, oui, mais sportif !
Le tourisme fluvial… ça resserre le lien familial !
Le capitaine n’est pas le seul à bosser, tout l’équipage doit coopérer pour surveiller les ponts et les berges, passer les écluses, accoster, repartir, baisser l’auvent extérieur avant de passer sous un pont (gare à vous si vous oubliez, car le prendre sur la tête, ça fait mal, même si ça fait rire les autres passagers !) Et vous verrez… très vite, on se soude autour d’un nouvel esprit de groupe, entre moments de fous rires et moments au turbin – l’un qui lance la corde, l’autre qui saute sur le quai, la rattrape puis la retient, deux qui surveillent que l’avant et l’arrière du bateau ne risquent pas de frotter, dans le passage étroit que forme l’écluse, un qui baisse l’auvent…
Mais on discute, aussi, durant les longues minutes à attendre aux écluses, ou le soir sur le pont supérieur… Et on fait des rencontres amicales, éclusiers, touristes, plaisanciers : d’une péniche à l’autre, on finit par se reconnaître et se saluer à chaque passage d’écluse. De quoi se créer de beaux souvenirs dont on reparlera souvent, en rigolant.
Crédits photos : Brigitte Valotto
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