Accueil > Ma Famille > Premières classes, tableau de l’âme ukrainienne

Premières classes, tableau de l’âme ukrainienne

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

Premières classes film avis

En guerre depuis trois ans et demi contre la Russie, l’Ukraine ne délaisse pas pour autant son système éducatif. Dans Premières classes, qui est son deuxième long-métrage après Jeunesse en sursis, qui avait remporté un Ours de Cristal au Festival de Berlin en 2021, la jeune réalisatrice Kateryna Gornostai montre comment cette nation continue à offrir, dans des conditions très complexes, une vraie scolarité à ses enfants. Au cinéma le 10 septembre.

Premières classes : l’histoire

La combativité du peuple ukrainien face à l’invasion russe se manifeste partout et tout le temps. A travers ce film Premières classes, réalisé par Kateryna Gornostai, on découvre qu’en dépit de la proximité des lignes de fronts, de la mort qui rôde et frappe souvent, et des innombrables ravages matériels, les écoles de ce pays restent non seulement ouvertes mais font preuve d’un incroyable dynamisme et d’une résilience à toute épreuve.

Les cours sont dispensés dans des bâtiments presque rasés, des abris souterrains, dans le métro et parfois même à l’extérieur, sans toit au-dessus de la tête ou à distance, en visioconférence. Mais on n’arrête jamais de faire classe. Aux enfants, aux ados présents, on enseigne les mêmes matières qu’à tous les élèves du monde. La lecture et la grammaire, les langues, les mathématiques, les sciences, le sport mais aussi les réflexes de de survie, le maniement des armes et les valeurs patriotiques, qui sont omniprésentes dans les discours des professeurs. Les élèves y sont également initiés à l’art de continuer à rêver et à créer, notamment à travers des ateliers d’expression corporelle ou de peinture.

A partir de quel âge ?

11 ans. Les collégiens et lycéens seront plus à même de comprendre quels enjeux sous-tendent Premières classes

L’avis de MAFAMILLEZEN

Si Kateryna Gornostai passe de la fiction, territoire qu’elle avait exploré avec son premier opus Jeunesse en sursis, au documentaire, ce n’est pas pour autant qu’elle s’y donne pour mission pour d’y décrire de manière journalistique ce qui passe en Ukraine. Les combats ne sont d’ailleurs jamais filmés, sinon par le prisme des destructions et des absences qu’ils laissent derrière eux.

Pour dépeindre autrement le quotidien de ses habitants, la réalisatrice s’est éloignée du fracas des armes et a choisi de resserrer sa focale sur une thématique spécifique : comment fait-on école et comment va-t-on à l’école dans un pays pilonné et assiégé depuis plusieurs années ? En tant qu’élève, peut-on apprendre normalement, conserver son insouciance et nourrir des espoirs pour l’avenir quand on grandit dans ce contexte ? Premières classes témoigne du fait que la vie s’y poursuit quasi-normalement et qu’elle ressemble, malgré les drames et les pertes, à peu près à celle que l’on peut observer dans toutes les établissements de la planète.

Mais l’anormal s’y inscrit évidemment plus souvent qu’ailleurs dans la routine quotidienne. L’un des scènes les plus déchirantes de ce très beau long-métrage est celle de l’enterrement de Tatiana, une directrice d’école dont on suppose qu’elle a été tuée dans une attaque ennemie. Le prêtre orthodoxe qui prononce son éloge funèbre pointe d’ailleurs l’adversaire russe, « le diable incarné », qui s’en prend à « une école pacifique ». Et on comprend à travers l’infinie tristesse des individus rassemblés, parmi lesquels ses élèves, qu’avec Tatiana, c’est à la fois la personne et le symbole qui ont été assassinés…

Dans cette ambiance suspendue, où la moindre activité est susceptible d’être interrompue à cause d’une alerte ou d’un bombardement en cours, fleurissent parfois des moments de grâce. La séquence où filles et garçons dansent ensemble dans la cour est ainsi magnifique, comme un contrepoint à l’obligation qu’ont ces lycéens à se former à l’usage des fusils….

Enfin, si Premières classes est un joli film dans ce qu’il exprime, c’est aussi un joli film tout court. Le soin apporté par la cinéaste à l’esthétique de ce long-métrage et à sa musique sonne comme une ultime manifestation de résistance face à la laideur de la guerre qui est imposée à ce peuple.

Premières classes
Réalisé par : Kateryna Gornostai
Genre :
Documentaire
Durée :
2h05
Sortie au cinéma :
le 10 septembre 2025

A lire aussi ce beau livre documentaire :
L’Ukraine racontée aux enfants, de Sylvain Cypel, chez De La Martinière Jeunesse, septembre 2022, à partir de 6 ans, 24,66 € – Commander sur Amazon

Vous avez aimé cet article ou bien vous voulez réagir ?

Articles en relation

Envie de réagir à cet article, de donner votre avis ou de partager votre expérience ? Je prends la parole !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Plus d’articles sur MAFAMILLEZEN