
Pour apprendre aux enfants à développer leur empathie et à dépasser les préjugés en tous genres comme les aprioris, Mafamillezen vous propose une sélection de 8 livres jeunesse à destination des petits lecteurs de 5 à 11 ans. Cette dernière, majoritairement constituée de beaux albums, permet non seulement de les aider à se mettre à la place des autres mais offre aussi à celles et ceux qui souffrent de leurs différences, une bulle de lecture où se sentir moins seul et prendre confiance. Tous ces livres sont à gagner du 30 octobre au 16 novembre dans l’espace Concours Mafamillezen !
La Reprochante
On a tous connu, de près ou de loin, une « Reprochante ». Ce voisin ou cette voisine acariâtre, voire franchement désagréable, formulant des reproches au monde entier et guettant la moindre occasion de râler depuis l’œillet de son appartement aux volets généralement fermés.
Celle qui est au cœur de cet album mordant a d’ailleurs remplacé le traditionnel « Bienvenue » figurant sur les paillassons par « Essuie mieux tes pieds ! » et terrorise aussi bien le facteur que les enfants de l’immeuble. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui se cachait derrière ce masque aigri ? Le jeune héros de cette histoire poétique, oui. Et il a tant de questions qu’il décide d’enquêter sur la bougonne et finit par découvrir les violences et méchancetés dont elle est victime au travail. « De toute sa vie avait-elle reçu une seule félicitation ? Petite fille lui avait-on appris à être gentille ? », s’interroge-t-il. Il se met alors en tête de lui organiser une fête exceptionnelle, emmenant dans son sillage tous les habitants de l’immeuble.
On sort de la lecture de cet album coup de cœur le sourire aux lèvres : d’abord parce qu’il est truffé d’humour, malgré la profondeur du propos. Ensuite parce qu’il inocule avec finesse, et sans niaiserie – notamment grâce aux illustrations enthousiasmantes – une bonne dose de tolérance et d’empathie. Et l’envie d’ouvrir son regard sur les autres, non pas pour excuser tous leurs comportements, mais pour mieux les comprendre et tenter, pourquoi pas, de déjouer les apparences autant que les souffrances.
La Reprochante, d’Arthur Dreyfus et Eglantine Ceulemans, chez Flammarion jeunesse, octobre 2024, 40 pages, 14€90. A partir de 7 ans. Acheter sur Amazon.
La petite elfe pas comme les autres
Elfine, la petite elfe aux cheveux rouges, est triste et rejetée dans un monde qui ne connait que le vert et le brun. Contrairement au vilain petit canard qui ne trouve le repos qu’en rejoignant ses semblables, Elfine, en sortant de son village, trouvera la force de se réconcilier avec elle-même. Au retour, elle fera à son tour découvrir aux habitants les couleurs de l’arc en ciel et l’infinité des différences.
Les illustrations très détaillées de Sarah Loulendo, combinées au texte riche et subtil de Florence Dutruc-Roset, délivrent au lecteur un message aussi optimiste que clair, mettant à nu les ressorts de la discrimination. Et donnant à ceux qui sont victimes des préjugés en tout genre, la certitude qu’ils n’en sont en rien coupables, mais aussi qu’ils pourront, en grandissant, trouver les moyens d’en faire une force.
La petite elfe pas comme les autres, de Florence Dutruc-Rosset et Sarah Loulendo à l’illustration, chez Bayard jeunesse, septembre 2025, 32 pages, 13€90. A partir de 6 ans. Acheter sur Amazon.
Les vrais filles et les vraies garçons
Dans la nouvelle école d’Aretha, filles et garçons vivent en deux clans étanches, solidement étayés par les stéréotypes de genre. Notre héroïne a la chance d’avoir une famille où ces derniers n’ont pas cours. Elle va donc s’employer, aidée par un membre du camp des garçons, à faire changer les choses. Si elle parvient assez vite à faire « réfléchir un peu » – son expression favorite – le clan des filles sur les préjugés qui les concernent, du côté des garçons, ça bloque sous l’autorité de leur chef, arque bouté sur des positions très « machos » depuis la séparation de ses parents. Ses excès conduisent d’autres enfants à rejoindre le clan des filles où sera fondé le mouvement de « Mise A Jour » des mentalités, qui finira par convaincre tout ce petit monde.
Au fil des pages et des récréations, on voit évoluer ce microcosme joliment et subtilement décrit. Le jeune lecteur en sortira convaincu que si l’on « réfléchit un peu » et que l’on est très patient, on peut tous ensemble « faire tourner le monde un peu plus rond » !
A mettre entre toutes les mains aux prémices de l’adolescence, pour aider garçons et filles à trouver les armes et arguments afin de se défendre face aux stéréotypes de genre encore, malheureusement, solidement ancrés.
Les vrais filles et les vraies garçons, par Audren, illustré par Charline Collette, aux éditions Thierry Magnier, Avril 2025, 96 pages, 11€90. A partir de 9 ans. Acheter sur Amazon.
Les gens sont beaux
Du médecin Baptiste Beaulieu, dont on connaît depuis longtemps les talents de conteur d’humanité, on adore tous les albums jeunesse. Mais on a une tendresse toute particulière pour son premier grand succès de librairie, véritable pépite humaniste en passe de devenir une référence.
Portée par les joyeuses illustrations à l’aquarelle de Qin Leng – dont on a déjà pu apprécier le coup de crayon dans un autre super album paru chez le même éditeur, Une famille c’est une famille tout simplement -, l’histoire met en scène un petit garçon et son grand-père, ancien médecin. « Quand j’étais docteur, je peux te dire que j’en ai vu des corps ! Des tordus, des blessés, des noirs, des blancs, des maigres, des gros. Les corps vont toujours avec une histoire », aime-t-il à raconter.
Ils partent ensuite en balade, invitant le lecteur à voir les corps et leur diversité au-delà des canons de la société. Ils croisent ainsi Hakim, dont le dos tordu témoigne des années de labeur exercées par cet ancien carreleur, meilleur ouvrier de France. Mais aussi Maryline, si malmenée et humiliée au travail qu’elle en a développé d’énormes plaques rouges qui la démangent. Ou Rébecca, harcelée lorsqu’elle était jeune et qui « s’est mise à manger pour mettre plusieurs épaisseurs entre elle et eux, pour les tenir à distance ».
En bref, clame cet album, la beauté est partout et chacun porte des cicatrices, parfois invisibles, qu’il n’ose pas partager. Ce texte poétique, juste et lumineux, qui transmet la notion d’empathie sans jamais la coudre de fils blancs, devrait être proposé à la lecture dans toutes les écoles !
Les gens sont beaux par Baptiste Beaulieu, illustré par Qin Leng, Les Arènes, 2022, 16€90. A partir de 6 ans. Acheter sur Amazon.
Etrange et fabuleuse Henriette
A Endives-sur-Champs, la petite Henriette fait figure d’exception. Non seulement elle adore les légumes – les endives sont son plat préféré – mais aussi les insectes en tous genres. Pince-oreilles, cafards, scarabées, cloportes, araignées, larves… : chaque jour, elle passe des heures à les observer dans les terrariums et bocaux qui peuplent sa chambre. Des passions qui ont, évidemment, peu de succès auprès des autres enfants et qui l’isolent, tant elle est jugée étrange, voire dégoutante. Jusqu’à ce que, pour calmer les ardeurs d’estomac d’une étrange créature, elle ne se lance dans des séances de customisation de légumes pour les rendre plus appétissants. De quoi susciter l’enthousiasme et l’intérêt de ses camarades qui découvrent non seulement qu’Henriette est rigolote mais aussi que les insectes, ça peut être chouette !
Cet album délicieux à l’humour décalé, est une ode tendre à la différence. On aime particulièrement la légèreté pétillante du texte dont la fantaisie est brillamment mise en images par les illustrations colorées et détaillées d’Héloïse Solt. Publié à l’occasion des 10 ans de Little Urban, ce bel album est aussi l’occasion de jeter un œil au très chouette catalogue, particulièrement coloré, de cet éditeur jeunesse.
Etrange et fabuleuse Henriette, par Héloïse Solt, chez Little Urban, Mars 2025, 48 pages, 15€90. A partir de 6 ans. Acheter sur Amazon.
Tu es comme tu es : 4 histoires bienveillantes
Voilà un ouvrage dont la lecture offre une parenthèse hors du temps, à savourer en famille. Il rassemble quatre contes poétiques dont le personnage principal, Pompon le lapin, n’a rien des attributs habituels des jeunes héros. Il doute, se met en colère, se trompe, pleure, ressent de la jalousie mais surtout, il se questionne. Suis-je gentil ou méchant ? Faut-il toujours croire ce que disent ses amis ? Pourquoi les autres ont des talents et pas moi ? Est-ce qu’être grand signifie ne plus avoir besoin des autres ? …
Chacune de ces histoires tendres gravite autour d’un thème universel, l’acceptation de soi et des autres. Il y est question de confiance, d’amitié, de différence, de respect, de notre capacité à se mettre à la place de ceux qui nous font face, du soin à apporter à nos émotions mais aussi de ces moments où l’on doute de sa valeur.
Et pourtant, nulle trace de mièvrerie, de morale ou d’injonction à la bienveillance. Mais plutôt un cheminement lumineux, et quasi philosophique – porté par des illustrations délicates – apte à développer les racines de l’empathie. Un must !
Tu es comme tu es : 4 histoires bienveillantes, par Olivier Clerc et Gaïa Bordicchia chez Flammarion jeunesse, avril 2024, 144 pages, 19€90. A partir de 4 ans. Acheter sur Amazon.
(Pas encore) une histoire de dragon
Féroces, effrayants, ravageurs, voire cruels, les dragons, créatures récurrentes de la littérature jeunesse, ont fait frissonner des générations de petits lecteurs.
Mais cette étiquette monstrueuse ne convient pas du tout à Françoise. Et l’héroïne de cet album, tout en même temps doux et mordant, compte bien le faire savoir ! Dotée d’un museau qui crache du feu, de cornes qui piquent, de grandes ailes et d’écailles, elle ne se définit pas pour autant comme un dragon. D’ailleurs, son quotidien ne ressemble en rien à celui qu’on lui prête. Chaque matin, ses parents lui préparent des tartines avant de l’emmener à l’école, où elle s’ennuie un peu, sauf au cours de tempête et à la récré, où elle joue à loup-garou et saute-dragons avec ses copains. Après l’école, sa baby-sitter l’emmène au parc jusqu’à ce que « les adultes commencent à fumer des naseaux », puis elle fait ses devoirs, fabrique des tornades dans son bain, se force à manger sa soupe éclairs/légumes avant que sa maman lui raconte une histoire. Et hors de question d’oublier son arc en ciel veilleuse, puisque Françoise craint le noir.
On adore cette histoire de dragonnette dont le quotidien ressemble étrangement à celui de millions d’enfants. Rigolo et malin, il permet de faire réfléchir spontanément et sans accompagnement parental particulier le lecteur à ce qui se cache derrière les apparences. Mais aussi au poids des étiquettes ou jugements.
Mention spéciale aux illustrations de Christine Roussey – autrice notamment de la superbe collection « Les promesses » chez le même éditeur – dont le trait rond, juste et malicieux fait des merveilles !
(Pas encore) une histoire de dragon, par Christine Roussey chez La Martinière jeunesse, avril 2025, 32 pages, 14€90. A partir de 6 ans. Acheter sur Amazon.
L’homme aux très longues jambes
Rien n’est facile pour l’homme aux très longues jambes. Coincé dans un monde trop petit pour lui, mais surtout trop étroit d’esprit, il ne cesse de se contorsionner – depuis le supermarché jusqu’à la bibliothèque, en passant par le métro – afin de se fondre dans la normalité. Le tout, sous les moqueries ou regards de travers d’une population loin d’être empathique. Jusqu’au jour où une tempête diluvienne ravage le village, transformant à leurs yeux l’homme étrange et risible en bon samaritain, voire en bonne poire.
Cet album profond, dont la chute nuancée a le mérite de ne pas être édulcorée, est un vrai bijou, réhaussé par les impressionnantes illustrations de Benjamin Phillips, dont les teintes passées renforcent le sentiment de mélancolie qui s’en dégage. Il nous parle de la manière dont les différences peuvent devenir une force, des cœurs purs qui se cachent sous d’imposantes ou, au contraire, discrètes statures, de la cruauté de certains mais aussi des limites à poser pour se préserver et garder sa générosité pour ceux qui sauront l’apprécier et non juste en profiter.
A faire lire de toute urgence, à celles et ceux qui portent leur différence comme un fardeau mais aussi à tous ceux qui n’ont pas encore découvert que leur gentillesse est tout sauf une faiblesse.
L’homme aux très longues jambes, par Benjamin Philips, traduit par Sophie Lecoq, chez Albin Michel Jeunesse, mars 2025, 32 pages, 14€90. A partir de 5 ans. Acheter sur Amazon.
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