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Des preuves d’amour, mille et une nuances de maternité

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

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Mêlant sujets sociétaux et problématiques personnelles, Des preuves d’amour, très beau long-métrage de la cinéaste Alice Douard. Inspiré de sa propre expérience, il nous fait partager l’intimité de deux femmes qui s’apprêtent, ensemble, à devenir mamans, et décrit le combat de celle qui n’est pas enceinte pour faire reconnaitre ses droits de parent. Au cinéma le 19 novembre.

Des preuves d’amour : l’histoire

En 2014, époque où vient d’être votée en France la loi Taubira autorisant le mariage entre personnes du même sexe, Nadia, trente-sept ans, dentiste, et Céline, trente-deux, ingénieure du son, attendent leur premier bébé, conçu grâce à une démarche de PMA réalisée au Danemark.

Parce qu’elle est la mère sociale de cette petite fille à naitre, et pas celle qui l’abrite dans son ventre, Céline doit constituer un dossier afin de pouvoir espérer l’adopter. Il lui est demandé d’y inclure quinze déclarations écrites attestant de son équilibre psychologique, de son désir d’accueillir cette enfant et de sa capacité à l’entourer et à l’élever. Céline doit solliciter tout son entourage si elle veut obtenir ces témoignages cruciaux ; ce qui implique notamment de renouer le contact avec Marguerite, sa mère, une célèbre pianiste qui l’a délaissée depuis toute petite au profit de sa carrière de concertiste.

La jeune femme profite de l’un des rares moments où Marguerite séjourne à Paris pour tenter de la convaincre de rédiger cette lettre de recommandation qui pourrait faire basculer les choses en sa faveur. Mais il n’est pas facile de retisser des liens avec celle dont on a tout fait pour s’éloigner, au propre comme au figuré…

A partir de quel âge ?

Des preuves d’amour est un film qu’on pourra voir dès 11-12 ans.

L’avis de MAFAMILLEZEN

Des preuves d’amour mérite toute l’affection du public ! Puissant et doux à la fois, il parvient à aborder plusieurs thématiques fortes sans en négliger aucune. Ce film évoque d’abord les difficultés qu’affrontaient les couples lesbiens en 2014, c’est à dire juste après la légalisation du mariage pour tous? mais bien avant le vote de l’extension de la PMA. Céline se heurte notamment à la complexité et à l’absurdité des démarches administratives à effectuer pour se faire reconnaitre comme la maman de son enfant, quand on ne l’a pas soi-même porté.

Cet opus pointe aussi très subtilement, sans caricature, les préjugés que les deux femmes affrontent à cause de leur orientation sexuelle dans leur cercle familial, social et amical, allant parfois jusqu’à l’agression verbale en règle. Elles sont en butte également à la maladresse ou à la bêtise de leurs proches, comme lorsque Nour, le mari de leur meilleure amie, leur explique qu’il aurait pu se dévouer pour aller planter la petite graine…

Des preuves d’amour offre également un panorama réaliste des angoisses et dissensions qui peuvent naitre entre n’importe quels futurs parents, homos ou hétéros, entre autres la peur de n’être pas à la hauteur de ce grand bouleversement, de ne pas être capable de donner à son bébé l’avenir qu’on souhaiterait lui construire, la crainte de ne plus se désirer et se chérir comme avant quand il sera là…. Autant d’enjeux que la cinéaste Alice Douard traite avec délicatesse, et souvent avec une bonne dose d’humour

Le film fait la peinture d’une autre forme de maternité : celle de Marguerite, la mère de Céline. A l’image de Nadia, on comprend au fur et à mesure que l’on avance dans le récit que si la sexagénaire a été si distante avec sa fille, ce n’est pas par absence de sentiments, mais parce qu’elle n’avait ni les mots ni les gestes pour les lui exprimer. Et parce qu’en dehors de la bulle artistique dans laquelle elle évolue, la vie quotidienne et ordinaire semble insupportable à cette femme que l’on imagine dépressive. On retrouve dans la peau de cette musicienne un peu inadaptée la géniale Noémie Lvovsky, comme d’habitude bluffante de naturel et de justesse.

Par leur jeu inspiré, les deux actrices principales, Ella Rumpf, qui campe une Céline toute en regards, en retenue et en observation, et Monia Chokri, alias Nadia son âme-sœur, et pourtant son exact contraire avec son énergie et sa volubilité, participent à la réussite de ce film, individuellement et dans l’alchimie des corps et des âmes que propose leur duo.

Marguerite, Céline et Nadia nous offrent donc une mélodie cinématographique que l’on n’est pas près d’oublier

Des preuves d’amour
Réalisé par :
Alice Douard
Avec :
Ella Rumpf, Monia Chokri et Noémie Lvovsky
Genre :
Comédie dramatique
Durée : 1h47
Sortie au cinéma :
le 19 novembre 2025

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