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Tout savoir pour avoir un microbiote vaginal au top !

Par Juliette Prime - Mise à jour le

comment prendre soin de sa flore intime à l'adolescence

Avec la puberté, apparaissent des milliers de questions sur les règles, le corps, la poitrine… Le vagin et la vulve changent aussi d’aspect, devenant une source de préoccupation pour nos adolescentes : pourquoi ça me gêne ? C’est quoi ces pertes et ces odeurs inhabituelles ? Les changements hormonaux et physiologiques en sont à l’origine. Tout cela est naturel, et même très sain ! Comment bien les vivre et apprendre à accepter cette nouvelle normalité quand on a entre 10-11 et 18 ans ? Comment accompagner nos filles dans ces changements qui parfois peuvent être déroutants ou tabous ? Faisons le point sur le microbiote vaginal, ce gardien discret de l’intimité, avec les éclaircissements de Katharina Spath, généticienne et experte du sujet. 

Le microbiote vaginal : qu’est-ce que c’est et pourquoi est-ce essentiel ?

La flore vaginale, que l’on appelle aussi microbiote vaginal ou flore de Döderlein, est un écosystème constitué, chez la femme adulte, de 100 millions à plusieurs milliards de micro-organismes qui vivent à l’intérieur du vagin ! Peu de personnes le connaissent « alors que ses bactéries – pour la plupart bénéfiques – supportent notre système immunitaire et nous protègent des infections ! » s’exclame Katharina Spath, biologiste de la reproduction et spécialiste du microbiote vaginal aux laboratoires JUNO GENETICS, en Italie. C’est simple : en l’absence de ces bonnes bactéries dans notre vagin, on serait tout le temps malade. Elle ajoute : « Le vagin est là pour protéger l’utérus des infections, et donc le microbiote vaginal joue un rôle prépondérant dans cette mission. C’est très important pour notre système immunitaire ». 

La scientifique allemande pense que l’on peut considérer le microbiote vaginal presque comme un organe à part entière. En effet, il représente entre 9 et 10 % de toutes les bactéries présentes dans le corps humain. Alors que la majorité de nos bactéries se trouvent dans l’intestin pour l’absorption des nutriments et la protection contre les bactéries pathologiques, celles du vagin ont deux fonctions clé :

  • Protéger notre corps contre les bactéries pathogènes qui peuvent causer des infections, notamment contre les infections sexuellement transmissibles (IST).
  • Prévenir que de mauvaises bactéries ne remontent dans l’utérus et perturbent son environnement immunitaire

Comment fonctionne ce précieux équilibre ?

Contrairement à l’intestin où la diversité bactérienne est recherchée, dans le vagin, on souhaite une dominance de certaines bactéries. Ce sont les lactobacilles. Ces « bonnes » bactéries sont de véritables héroïnes : elles produisent de l’acide lactique, qui maintient le pH du vagin très bas (c’est-à-dire très acide).

Pourquoi cette acidité est-elle si importante ? Elle crée un environnement hostile qui empêche la prolifération de bactéries potentiellement dangereuses. Ainsi, les lactobacilles agissent comme une véritable barrière naturelle contre les agents pathogènes auxquels le corps est constamment exposé, notamment lorsque l’activité sexuelle commence.

comment prendre soin de son microbiote vaginal

L’apparition de la flore vaginale à l’adolescence

Saviez-vous que le microbiote vaginal, tel que nous le connaissons chez l’adulte, n’apparaît réellement qu’à l’adolescence ? Katharina Spath explique ce phénomène : « L’hormone sexuelle de l’œstrogène, qui émerge à la puberté, est à l’origine de ce changement, les lactobacilles se développant grâce aux œstrogènes ». Un à deux ans avant l’arrivée des premières règles, puis plus intensément, le taux d’œstrogènes augmente. D’ailleurs, les premières pertes blanches, qui en sont la manifestation, apparaissent également à ce moment-là, bien avant l’arrivée des menstruations chez l’adolescente

Cette hausse hormonale entraîne l’accumulation d’un type de sucre appelé glucoside dans les cellules de la paroi vaginale. Ces cellules gorgées de sucre sont une source de nourriture idéale pour les lactobacilles. Elles libèrent le glucoside, que les lactobacilles fermentent pour le transformer en acide lactique. Et c’est cet acide lactique qui assure le pH bas si important du vagin. C’est ainsi, comme le précise Katharina Spath, « que les bactéries pathogènes sont stoppées ; elles ne peuvent pas croître dans un environnement à pH bas. » Ce processus est une preuve de l’ingéniosité de notre corps !

Avoir un microbiote vaginal au top dès l’adolescence

Alors, comment savoir si le microbiote vaginal de votre ado est en bonne santé ? Katharina Spath donne un indicateur majeur : « Apparaît une sorte d’odeur naturelle, qui ne devrait pas être désagréable. Si c’est une odeur de poisson – je déteste cette expression, mais c’est la plus communément répandue – c’est souvent un signe de dysbiose, soit un déséquilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries ». 

Plusieurs facteurs peuvent perturber cet équilibre délicat :

    • Les antibiotiques : Ils peuvent détruire les bonnes bactéries.
    • Une alimentation déséquilibrée : Une mauvaise hygiène de vie générale peut avoir un impact.
    • Le stress : Un ennemi silencieux de notre équilibre.
    • Les sous-vêtements non adaptés : Privilégiez le coton, qui permet à la peau de respirer, contrairement aux matières synthétiques qui favorisent l’humidité et la prolifération bactérienne.
    • Le tabagisme : Un facteur connu pour altérer la flore.
    • Le début des relations sexuelles 

Ces déséquilibres peuvent conduire à des infections comme la mycose vaginale (souvent douloureuse et caractérisée par des démangeaisons intenses) ou la vaginose bactérienne (qui, elle, peut être asymptomatique ou provoquer des odeurs sans forcément de démangeaisons).

En parler pour que cela ne soit pas un tabou

Beaucoup de femmes, encore aujourd’hui, ne connaissent pas bien leur propre corps. Il est essentiel d’observer de temps en temps les pertes vaginales : “sentent-elles une autre odeur qu’à l’ordinaire ? Leur consistance et leur couleur sont-elles différentes par rapport à d’habitude ?” sont les questions que l’on peut se poser si l’on remarque ou sent que quelque chose est différent. Apprendre à reconnaître ce qui est « normal » pour son corps permettra à votre ado de détecter quand « quelque chose ne va pas ». Des pertes blanches dans la culotte, ce n’est pas sale. C’est justement les manifestations d’un vagin en bonne santé, qui se nettoie de lui-même.  

La biologiste insiste sur l’importance de la discussion ouverte. Beaucoup d’entre nous n’ont pas eu cette chance. « Ma mère ne m’a jamais parlé de ça, de rien… J’avais 10 ans quand j’ai eu mes premières pertes, deux ans avant mes règles, et je me sentais gênée ». Cette absence de dialogue peut entraîner de la honte face à des phénomènes corporels tout à fait naturels.

Que dire à vos ados ?

Le message clé est la normalisation et la prévention. Katharina Spath a un conseil clair pour les parents d’ados : « Il est important de parler de l’importance du sexe protégé et des préservatifs, juste pour prévenir les IST et pour maintenir votre microbiote vaginal en bonne santé. »

Elle met également en garde contre certains produits : « Je resterais éloignée de tout type de produit spécial qui promet de laver le vagin, qui promet de le garder propre, car c’est du non-sens, il n’y a aucune étude qui le prouve. » Le vagin est un organe qui s’auto-nettoie

L’utilisation de douches vaginales ou de produits parfumés peut perturber l’équilibre délicat du microbiote et rendre le vagin plus vulnérable aux infections. Beaucoup de gynécologues affirment que l’eau est suffisante pour le nettoyer. En général, on préconise un savon sans parfum, le plus neutre possible, et un lavement pas plus d’une fois par jour, léger et en surface de la vulve. 

comment expliquer les pertes blanches à ma fille

Les premières consultations chez le gynécologue

« Il y a la honte de l’odeur à cet âge, ou de l’aspect. Si ça sent et qu’elles constatent des pertes odorantes, elles doivent consulter, car il faut savoir qu’environ 30 % des femmes en âge de procréer ont un microbiote vaginal anormal à un moment ou un autre, et que cela peut causer des odeurs. Mais il n’y a aucune raison que cela cause de la honte. C’est quelque chose qui doit être examiné et qui nécessite probablement un traitement. Donc, il faut consulter votre gynécologue ou sage-femme, c’est quelque chose de totalement normal. » Ce sentiment de honte est exacerbé par une culture qui, malheureusement, tend à la « shamisation » (honte) du corps féminin.

Dès qu’une activité sexuelle commence, et même de préférence un peu avant, il est crucial de parler non seulement des préservatifs, mais aussi de la prévention des IST, du HPV (Papillomavirus humain) et de l’importance des frottis réguliers. Comme le souligne Katharina Spath, le risque de développer des cellules cancéreuses (souvent tard dans la vingtaine) à cause du HPV est totalement évitable, grâce à la vaccination qui est désormais accessible et généralisée auprès du public adolescent de 11 à 19 ans, jusque dans les collèges. Un microbiote vaginal en dysbiose est associée à un risque accru de contracter et d’être contaminé par le HPV.

C’est naturel !

Un vagin n’a pas besoin de « sentir bon », comme certaines influenceuses et sociétés voudraient nous le faire croire. Il a juste besoin d’avoir son odeur naturelle. Cette odeur est normale et saine.

Comme le dit Katharina Spath, à 15 ans, « vous devriez vous soucier de votre flore vaginale. Si vous avez des démangeaisons, si vous êtes mal à l’aise, parlez-en à vos parents et consultez un médecin pour résoudre le problème, ne le cachez pas. » Il est essentiel de dédramatiser les infections courantes comme les mycoses.

Malheureusement, certaines marques ciblent les adolescentes avec des produits et des rituels censés « parfumer » le vagin (saunas vaginaux, lingettes, suppléments alimentaires, parfums intimes). Tout cela est non seulement inutile mais potentiellement dangereux, car cela déséquilibre la flore et rend le vagin plus vulnérable aux infections.

Le meilleur « rituel de soin » ? Changez de sous-vêtements une fois par jour ! C’est tout ce dont a besoin le formidable écosystème intime qui protège nos filles au quotidien. En tant que parents, notre rôle est de les informer, de les rassurer et de les aider à développer une relation saine et respectueuse avec leur corps.

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