Parfois exclu, moqué ou utilisé comme encyclopédie parlante, l’enfant précoce rencontre des difficultés à lier des amitiés. Et surtout à les entretenir. Monique de Kermadec, psychologue spécialiste de la « surdouance » suggère des approches pour aider à construire des relations durables. Et réagir face aux situations de conflits, ou pire, du harcèlement moral.
Comment accompagner au mieux la construction et le maintien des amitiés de l’enfant ?
Partager les mêmes intérêts que ceux de ses pairs est essentiel pour pouvoir échanger avec eux. On peut aider l’enfant précoce à s’intégrer par le biais de sports, de jeux. Si on se rend compte que l’enfant a tendance à vouloir imposer ses jeux aux autres, il faut lui apprendre à écouter, observer et se mettre au diapason du groupe pour s’intégrer.
Si l’enfant surdoué est amené à travailler en équipe, quels conseils lui donner ?
Comme il visera un rendu de la meilleure qualité possible, il pourra avoir tendance à mettre une pression sur l’équipe pour arriver au résultat attendu. Or, les autres n’auront pas toujours les mêmes objectifs que lui. Il devra alors savoir faire face à d’éventuels conflits et négocier pour trouver des solutions qui satisfassent chacun. Il lui faudra rester vigilant quant à la composition de son équipe et le mettre en garde sur des co-équipiers qui pourraient se reposer entièrement sur lui.
Les enfants surdoués sont-ils des cibles privilégiées du harcèlement scolaire ?
J’ai des patients adultes qui me relatent en effet des épisodes de harcèlement scolaire. En général, elles sont liées au fait qu’ils ont une conception très pure de l’amitié et qu’ils font confiance aux autres a priori. Les enfants qui n’ont pas la même maturité qu’eux peuvent profiter de leur grande sensibilité pour les manipuler, les rabaisser.
Un enfant harcelé a trop souvent tendance malheureusement à ne pas se confier et à garder son mal-être pour lui, pensant qu’il pourra s’en sortir seul. Dans le cas où ils se confient, soit leurs plaintes ne sont pas prises en compte sérieusement, soit elles entraînent des réactions disproportionnées. L’essentiel est de garder un dialogue ouvert et d’essayer de comprendre le système relationnel dans lequel l’enfant se trouve.
Si l’enfant s’exprime peu, comment savoir s’il rencontre des difficultés relationnelles à l’école ?
L’observation aide à saisir des changements de comportements. S’il a des maux de ventre, des migraines, des vomissements à répétition, il faut absolument poser des questions. Et ne pas hésiter à le faire suivre car il gagnerait sûrement à muscler son intelligence relationnelle et émotionnelle.
En quoi consiste un travail sur l’intelligence émotionnelle ?
Il s’agit notamment d’apprendre à contenir ses émotions pour ne pas se laisser submerger. Sans finir par se cadenasser et ne plus rien ressentir. Savoir bien exprimer ce que l’on ressent s’avère très précieux. Cette maîtrise a besoin d’entraînement. Dans l’idéal, le soir, à froid, revenir sur des situations qui ont posé problème dans la journée permet d’envisager d’autres manières de réagir, parfois moins impulsives. Cela suppose pour les parents d’avoir assez de temps et d’énergie pour être vraiment disponible.
Les parents peuvent-il se sensibiliser eux-mêmes s’ils ne sont pas à l’aise avec leurs émotions et le fait de les exprimer ?
Il y a toujours la possibilité de faire appel à une tierce personne qui sera plus à même d’écouter et d’amener à se confier. Au mieux, les parents pourront lire des livres comme ceux de Daniel Goleman ou se faire accompagner par un psychologue. Cela leur procurera d’ailleurs de grands bienfaits dans leur vie personnelle.
Pour aller plus loin :
Un livre didactique, accessible, tout simplement passionnant
Pour que mon enfant réussisse – Le soutenir et l’accompagner Monique de Kermadec. Editions Albin Michel, 14,50 €.
Un site qui aborde également la réussite de l’adulte surdoué
https://moniquedekermadec.com
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