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Sages-femmes, chronique d’une profession au bord du chaos

Par Bénédicte Flye Sainte Marie - Mise à jour le

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Dépeint avec force et avec un réalisme percutant par Léa Fehner, une cinéaste qui avait déjà signé Qu’un seul tienne et les autres suivront et Les ogres, le long-métrage Sages-femmes bouleverse autant qu’il donne à réfléchir. Au cinéma le 30 août.

Sages-femmes : l’histoire

Inséparables malgré des tempéraments très différents, Sofia et Louise viennent de terminer leurs cinq années d’études et s’apprêtent à rejoindre leur premier poste de sage-femme dans un service de pédiatrie. L’idée de bénéficier d’une période d’adaptation n’est qu’une vue de l’esprit : dès la première seconde, elle sont embarquées dans un rythme où on pare aux urgences en permanence, en les classant selon leur degré et en espérant que l’une d’entre elles ne vire pas à la catastrophe. Entre naissances à risques, suivis de grossesse compliqués, suites de couches et avortements thérapeutiques…

Si les débuts de Louise, qui est assez stressée de nature et a tendance à se faire marcher sur les pieds professionnellement comme dans sa vie privée, sont assez poussifs, la vapeur va rapidement se renverser entre elles. L’imperturbable Sofia, celle qui passait son temps à cadrer et à rassurer son amie, va « dévisser » après un accouchement dramatique pendant lequel la maman, victime d’une rupture utérine, et son bébé, ont failli mourir. A partir de ce moment-là, elle va être tétanisée à l’idée de mal faire alors que Louise prendra ses marques, lentement mais sûrement.

Autour d’elles, leurs consœurs et collègues sages-femmes vont aussi tanguer voire craquer, pressurisées par un système où on leur demande l’impossible et où on les oblige à négliger l’humain. Certaines en arriveront à rendre leur blouse, même si elles exercent « le plus beau métier du monde »….

A partir de quel âge ?

A conseiller plutôt aux préados et ados, qui ont l’âge d’appréhender les thématiques sociétales et à recommander évidemment à leurs parents.

L’avis de MAFAMILLEZEN

Il arrive que des œuvres cinématographiques sonnent tellement juste qu’elles ressemblent trait pour trait à la vraie vie. C’est le cas du film Sages-femmes, dans lequel tout est puissamment crédible et où rien ne parait être joué. Quiconque a déjà mis les pieds dans une maternité ou un hôpital, reconnaitra ce ballet infernal auquel sont soumis les soignants, slalomant désespérément entre les patients, faute d’effectifs, faute de moyens, faute de matériel et faute d’être écoutées par les pouvoirs publics. Alors, quand Bénédicte, qui a toujours été le pilier et l’élément pondérateur de l’équipe dans laquelle évoluent Louise et Sofia explose en disant « Les horaires de merde, je veux bien ; ne pas avoir le temps de bouffer, de pisser, rater toute la petite enfance de mon fils pour un salaire de merde, je peux le faire, mais traiter mal les gens, je ne peux pas, ce n’est pas pour ça que j’ai signé », cela prend des accents quasi-documentaires.

La fiction rejoint d’ailleurs la réalité dans la dernière séquences de cet opus, lorsque toutes et tous vont battre le pavé et manifester afin de dénoncer leurs insupportables conditions de travail, comme ça été le cas en France en 2021, où les membres de cette corporation ont défilé dans la rue avec des slogans comme « Sages-femmes en colère, il y en a marre de la galère » ou « Ne poussez plus, on est à bout ».

On aime également la manière dynamique et immersive avec laquelle la réalisatrice Léa Fehner filme cet univers. La galerie des protagonistes qui composent ce microcosme soumis à beaucoup de remous et de tensions, est par ailleurs très attachante : outre les deux héroïnes, qu’interprètent avec authenticité Héloïse Janjaud et Khadija Kouyaté, deux comédiennes-nées qui gagneraient à être plus visibles et médiatisées, on ne peut qu’être charmé par le personnage de Valentin, l’externe très gauche qu’on se refile au départ comme une patate chaude, et qui va se révéler plein d’initiative, de générosité et d’humanité malgré sa maladresse, qui n’ira pas franchement en s’arrangeant.

Si Sages-femmes est magnifique et aussi marquant, il le doit donc autant à son casting qu’à sa thématique et son message.

Sages-femmes
Réalisé par : Léa Fehner
Avec : 
Héloïse Janjaud, Khadija Kouyaté et Myriem Akheddiou
Genre : Drame
Durée :
1h39
Sortie au cinéma :
le 30 août 2023

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