Chaque année, des centaines d’enfants meurent ou se blessent gravement en chutant du haut d’une fenêtre d’un balcon ou d’une terrasse. La défenestration accidentelle, un drame qui pourrait être évité grâce à une surveillance constante et des systèmes de protection adaptés.
Tous les ans, c’est le même scénario. Avec le retour des beaux jours, on se remet à ouvrir les fenêtres et c’est là que l’accident survient. Les premières victimes de défenestration accidentelle sont les très jeunes enfants : 62% ont moins de 6 ans (*). « C’est surtout entre deux et trois ans que le risque est le plus grand », souligne le Professeur Gilles Orliaguet, responsable du service anesthésie-réanimation pédiatrique à l’hôpital Necker, à Paris . Curieux de tout ce qui les entoure, les tout-petits partent à la découverte du monde, sans avoir la moindre conscience du danger. Davantage téméraires et casse-cou, 71% des victimes de défenestration sont des garçons.
Les conséquences de ces accidents sont souvent très graves : un enfant sur 10 décède de ses blessures. Environ 20% conservent des séquelles 30 jours après l’accident, dont plus d’un tiers un handicap sévère. Plus ils sont jeunes, plus les lésions sont sérieuses. « Les petits enfants sont comme des culbutos, poursuit notre spécialiste. Ils ont tendance à tomber la tête la première. Et comme leur boîte crânienne est ténue et que leur cerveau se trouve en pleine phase de maturation, les lésions neurologiques peuvent être sévères ».
Une surveillance de tous les instants
Dans 93 % des cas, la défenestration a eu lieu alors qu’une personne était présente dans le logement. Le plus souvent, il s’agissait d’un adulte. Dans 30% des cas, la personne se trouvait dans la même pièce. La moitié des chutes accidentelles d’une fenêtre sont survenues au moment de la préparation des repas (également répartis entre le déjeuner et le dîner, entre 11 et 14 heures, puis entre 18 et 21 heures). Au-delà d’une simple présence, c’est donc une surveillance active et constante qui doit être exercée, car quelques minutes suffisent pour que le drame survienne.
Systèmes de sécurité : nécessaires, mais pas suffisants
46% des défenestrations ont eu lieu alors que l’ouverture de fenêtre disposait d’une protection (barre d’appui ou rambarde de sécurité), démontrant par là même l’inefficacité des garde-corps actuels dont la hauteur, fixée par la loi à un mètre, devrait être modifiée pour atteindre 1,10 mètre, comme le recommandent depuis plusieurs années la CSC (Commission de Sécurité des Consommateurs) et la CSHPF (Conseil d’Hygiène publique de France). D’autre part, des systèmes de sécurité agréés, comme des verrous, des entrebailleurs ou encore des bloc-portes, disponibles dans le commerce, doivent être installés, afin d’empêcher l’enfant d’ouvrir la fenêtre. Et pour encore plus de sécurité, pensez à installer des grillages ou des barrières de protection.
Attention aux meubles à proximité !
Dans près de la moitié des cas, un meuble (lit, chaise, table ou jouet) était situé sous la fenêtre du salon ou de la chambre d’enfant, ou bien a été déplacé par l’enfant. Aussi, ne laissez aucun meuble ou objet sous les fenêtres ou à proximité. Extrêmement curieux et inconscient du danger, votre enfant risque de s’en servir comme support afin d’atteindre l’ouverture.
(*) Enquête défenestrations menée par l’Invs (Institut National de Veille Sanitaire) et l’hôpital Necker-Enfants malades, dans les régions Ile-de-France, nord PACA et Provence-Alpes-Côte d’Azur, entre le 15 mars et le 15 octobre 2006.
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