Dans une société où tout va très vite, nos enfants semblent eux aussi grandir plus rapidement, jusqu’à parfois devenir des ados dès l’école primaire. Focus sur les causes et conséquences de ce phénomène de puberté précoce.
Les enfances abrégées de nos bambins
Camille, c’était votre bébé, votre bout de chou. Et voilà qu’aujourd’hui, alors qu’elle vient à peine de souffler ses neuf bougies, votre fille vous arrive au menton et voit déjà pousser sa poitrine, à une époque où vous ne juriez que par Récré A2 et vous adonniez à la marelle en cour de récré… Hors norme, Camille ?
Son cas est au contraire assez représentatif d’un « syndrome » qui touche l’ensemble des pays occidentaux. Les premiers signes de puberté y arrivent en effet de plus en plus tôt ( seins qui commencent à se former, apparition des poils pubiens), parfois même dès 8 ou 9 ans, sans qu’il s’agisse pour autant de manifestations pathologiques. Il en va de même pour les premières règles : si elles survenaient entre 16 et 18 ans au XVIIIème siècle, vers 14 ans au début du XXème, c’est actuellement entre 12 et 13 ans qu’elles se produisent en Europe. Un rétrécissement de l’enfance qui n’a pas une seule mais plusieurs explications…
Pollution et système endocrinien : les liaisons dangereuses
De nombreuses études mettent d’abord en cause la pollution environnementale. Les phtalates et les phénols, substances que l’on retrouve entre autres dans les contenants et emballages alimentaires, les rideaux de douche, les fournitures de bureau, les colles, les sols plastiques les matériels électriques et certains cosmétiques sont ainsi suspectés d’être des perturbateurs endocriniens : ils « doperaient » les hormones et provoqueraient ainsi la mise en route prématurée de la puberté.
Mais les spécialistes pointent aussi du doigt l’eau de consommation courante. Malgré le fait qu’elle transite par des stations d’épuration pour y être filtrée, celle-ci comporterait malgré tout, au sortir du robinet, des résidus de traitements hormonaux, notamment de contraceptifs, qui auraient même effet sur les hormones.
Alimentation : nos enfants sont-ils trop bien nourris ?
Mais notre façon de manger semble aussi peser dans la balance. Nos enfants mangent davantage, tout en consommant des mets à plus haute teneur calorique( plus de lipides, de sucres raffinés, de protéines animales) ce qui encourage le développement physique. Leur corps est donc prêt plus tôt à gérer les changements pubertaires. Par ailleurs, parce qu’il contient des oestrogènes, le soja, de plus en plus présent dans les menus familiaux, pourrait participer au phénomène.
De l’influence « toxique » des différents médias ?
Enfin, quelques scientifiques, comme le Docteur Charles Sultan, pédiatre endocrinologue à Montpellier, invoquent aussi l’hypersexualisation de la société. Les images à caractère érotiques, voire pornographiques, étant relativement faciles d’accès sur Internet mais aussi dans les journaux et dans les publicités, elles représenteraient des stimulations sexuelles qui accélèreraient la mutation organique de l’enfant…
Entre pollution, nutrition et réalités sociétales, les responsabilités ne sont pas définitivement établies. Ce qui est sûr, à contrario, c’est que cette puberté de plus en plus précoce n’est pas anodine pour nos juniors.
D’abord, psychologiquement, notamment chez les demoiselles, puisque celles-ci se retrouvent avec un corps de femme, tout en gardant un âme de petite fille. Pas forcément facile à gérer… Mais le risque, pour elles, se situe également côté santé : la puberté précoce augmente, plus tard, le risque de développer un cancer du sein.
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