
La rentrée scolaire, c’est souvent un mélange d’excitation et d’appréhension. Les enfants retrouvent leurs camarades, découvrent de nouveaux enseignants, parfois une nouvelle école. Pour beaucoup, c’est un temps de découvertes et de nouveaux départs. Mais c’est aussi une période sensible, où des tensions peuvent émerger et où les premiers signes de harcèlement scolaire peuvent apparaitre. Comprendre pourquoi ce moment est critique, quels signaux surveiller et comment accompagner nos enfants dès les premières semaines est essentiel. Non pas pour s’angoisser davantage, mais pour renforcer notre vigilance et créer un climat de confiance.
La rentrée : un moment où tout se joue
Chaque rentrée rebat les cartes. Les classes changent, les groupes se recomposent, de nouveaux élèves arrivent. C’est un moment de réorganisation sociale où chacun cherche sa place. Les enfants veulent être acceptés, intégrés, reconnus. Et, malheureusement, certains vont parfois tenter d’obtenir cette place en excluant ou en rabaissant d’autres camarades.
La rentrée est donc une période de vulnérabilité accrue. Les règles implicites du groupe se mettent en place, des leaders émergent, et des équilibres de pouvoir s’installent. C’est dans ces premières semaines que l’on voit apparaître des dynamiques d’exclusion ou des moqueries qui, si elles se répètent, peuvent évoluer vers une situation de harcèlement scolaire.
À cette pression sociale s’ajoute le stress lié à la nouveauté : nouveaux enseignants, nouvelles attentes scolaires, nouvelle organisation familiale. Certains enfants vivent cette transition avec confiance, d’autres avec inquiétude. Cette anxiété peut les fragiliser et les rendre plus vulnérables.
Les signaux à observer chez son enfant
Tous les enfants ne disent pas clairement ce qu’ils vivent à l’école. Parfois par honte, parfois par peur d’inquiéter leurs parents, parfois simplement parce qu’ils n’ont pas les mots pour exprimer ce qu’ils traversent. C’est pourquoi il est essentiel de faire attention à certains signes. On les appelle “les signaux faibles”.
L’idée est d’y être attentif, tout en gardant à l’esprit qu’un seul signe n’est pas forcément alarmant, mais qu’une accumulation ou une persistance mérite de s’y attarder :
– Des changements dans le comportement : un enfant joyeux qui devient irritable ou renfermé, un enfant autonome qui réclame soudain la présence constante de ses parents.
– Des plaintes physiques répétées : maux de ventre ou de tête avant l’école, difficultés de sommeil.
– Une perte d’intérêt : baisse des résultats scolaires, refus de participer à des activités qu’il aimait auparavant.
– Un discours dévalorisant : “je suis nul”, “personne ne m’aime”.
– Une réticence à aller à l’école ou l’expression de peurs liées à un camarade ou à la cour de récréation.
Encore une fois, aucun de ces signes n’indique automatiquement une situation de harcèlement scolaire. Mais ils sont des indicateurs précieux qui méritent d’ouvrir le dialogue.
Le rôle actif des parents pour prévenir le harcèlement scolaire
Être attentif ne signifie pas devenir inquiet à chaque détail. L’objectif n’est pas de surveiller nos enfants à la loupe, mais de créer les conditions d’un dialogue ouvert et bienveillant. C’est ce dialogue qui compte le plus. Un enfant cible de harcèlement a souvent du mal à en parler, et se sent seul. Le message central qu’on veut lui transmettre, c’est : “je suis avec toi.”
L’idée est bien de se mettre au côté de notre enfant, pas entre lui et le monde. Vouloir le protéger de tout ne l’aide pas, et risque même de lui transmettre le message implicite qu’il ne saurait pas faire face seul à la situation. Le laisser se débrouiller quand il est en détresse n’est pas une attitude encourageante non plus, et risque de renforcer chez lui un sentiment d’impuissance. L’équilibre est à trouver dans le travail en équipe. Avec l’enfant, et avec l’établissement, pour peu qu’ils aient une structure en place pour recevoir vos préoccupations.
Ainsi, les parents peuvent jouer un rôle clé en offrant à leur enfant un socle sécurisant. Etre un parent attentif, c’est montrer à son enfant qu’il n’est pas seul, qu’il peut parler et être entendu. C’est aussi savoir demander de l’aide quand on en ressent le besoin.
S’informer, échanger avec d’autres parents, dialoguer avec l’école : toutes ces actions contribuent à transformer le sentiment d’impuissance en posture active.
Accueillir ses propres émotions
Être confronté au harcèlement, même seulement à la crainte que son enfant en soit victime, déclenche des émotions fortes : colère, peur, tristesse, culpabilité. Ces réactions sont normales. Mais elles ne doivent pas nous submerger au point de nous empêcher de soutenir notre enfant.
Lui dire : “Tu peux compter sur moi, je vais chercher avec toi comment on peut avancer” est beaucoup plus sécurisant que de se laisser emporter par la rage ou le désespoir. Pour cela, il est souvent nécessaire que les parents trouvent eux aussi du soutien : parler à d’autres adultes de confiance, ou au moins s’informer, si possible en avance de phase, avant que les émotions ne débordent !
Comment accompagner son enfant dès la rentrée
Les parents ne peuvent évidemment pas tout contrôler. Il est cependant possible d’aider indirectement, en proposant, sans imposer, certaines attitudes :
Instaurer un temps d’échange quotidien : prendre quelques minutes après l’école pour demander “Comment s’est passée ta journée ?” est un bon début, mais cela peut rester trop vague. Des questions plus ouvertes ou positives peuvent aider : “Qu’est-ce qui t’a fait sourire aujourd’hui ?” ou “Quel a été le moment le plus difficile ?”.
Parler du respect et de la différence : aborder tôt la notion de diversité, d’altérité. Nous sommes tous différents ! Nous pouvons souligner l’importance de respecter les autres ET celle de se respecter soi-même. De valoriser également notre propre différence sans en avoir honte.
Travailler le consentement : on a le droit de dire non ! Et si nous ne sommes pas sûrs, pas très à l’aise… c’est probablement que nous pensons “non” aussi. Aidons nos enfants à être à l’écoute de ce qu’ils vivent pour mieux poser leurs limites.
Jouer à répondre aux moqueries : les situations de harcèlement partent souvent “juste” de mauvaises blagues. “C’était pour rire !” Sauf que tout le monde ne rit pas… Apprenons donc à nos enfants à 1-vérifier si la personne visée apprécie vraiment la blague, 2- répondre avec humour lorsque la moquerie s’adresse à eux.
Ensemble, parents, enseignants et éducateurs, nous pouvons créer un environnement où chaque enfant trouve sa place et se sent en sécurité.
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Coralie Garnier est maman de 4 enfants et créatrice du blog Les 6 doigts de la main. Elle accompagne parents et professionnels de l’éducation vers une posture éducative respectueuse de chacun, et une communication apaisée.
Pour la contacter : coralie@les6doigtsdelamain.com / 07 56 88 68 92
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