Alors que les séjours linguistiques vers les États-Unis suscitent toujours l’intérêt des jeunes Français en quête d’immersion culturelle et de progression linguistique, l’été 2025 se prépare dans un climat particulier. Entre contexte géopolitique tendu, inflation persistante et incertitudes liées au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les professionnels du secteur s’adaptent. Pour comprendre les enjeux de cette saison charnière, nous avons interrogé Xavier Obert, président de Go&Live. Il nous livre son analyse des tendances, des évolutions de la demande et des perspectives pour les familles françaises.
L’été 2025 à l’ombre du politique : contexte actuel des séjours linguistiques
Depuis plusieurs décennies, les États-Unis figurent parmi les destinations de rêve pour les adolescents et jeunes adultes souhaitant allier apprentissage de l’anglais et immersion dans la culture américaine. Les séjours linguistiques aux États-Unis permettent aux jeunes de vivre un « rêve américain » dans des villes mythiques comme New York, Los Angeles ou Miami, que ce soit en famille d’accueil ou en résidence, en encadrement collectif ou en formule individuelle.
Cependant, l’attrait de la destination ne suffit plus à compenser un contexte devenu complexe. Après une reprise progressive post-Covid en 2022 et 2023, l’année 2024 marque un recul significatif. D’après les données croisées de l’UNOSEL et de L’Office, les inscriptions globales aux séjours linguistiques ont baissé de 6,5 % par rapport à 2023, et de 33 % par rapport à 2019. Les séjours accompagnés pour les jeunes accusent une chute particulièrement marquée de 44 % en cinq ans.
Laurent Pasquet, fondateur & CEO du Groupe Apex et administrateur de l’UNOSEL, explique cette tendance par une combinaison de facteurs : hausse générale des prix, instabilité géopolitique, mais aussi déclin des formules classiques, en particulier au Royaume-Uni. Les jeunes recherchent désormais des programmes plus immersifs, plus spécialisés, et à forte valeur ajoutée éducative et personnelle.
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Séjours linguistiques aux Etats-unis : quelles sont les tendances ?
Alors, dans ce contexte déjà tendu, quelles répercussions a la réélection de Donald Trump sur les séjours linguistiques vers les États-Unis ? Pour en parler, nous avons rencontré Xavier Obert, président de Go&Live, un acteur majeur du secteur.
Comment évolue la demande pour les séjours linguistiques aux États-Unis en 2025 ?
Nous constatons une légère baisse sur nos inscriptions aux USA par rapport à 2024 (-11% en encadrés, -40% en individuels Nacel, +12% en individuels CLC).
Pour rappel les séjours encadrés sont des séjours tout compris pour des jeunes de 11 à 18 ans (cours, hébergement en pension complète, transports, encadrement et activités…), alors que les séjours individuels sont des séjours à la carte pour des jeunes de plus de 16 ans (plus autonomes).
Quels profils de jeunes partent encore aux États-Unis aujourd’hui ?
Pour nos séjours encadrés, les filles partent moins cette année par rapport à 2024. Pas de changement par contre chez les garçons. Les filles restent tout de même majoritaires et représentent 52% des départs.
Les 15-16-17 ans représentent 86% des départs. 60% des départs sont en immersions en famille et 37% en cours et découverte. Les objectifs principaux de nos séjours restent de découvrir la culture et de progresser en langue. Pour nos séjours individuels, 80% des participants ont entre 16 et 20 ans, 54% de filles et 46% de garçons. Durée de 2 à 4 semaines principalement : 63% des ventes.
La formule qui reste majoritaire est l’école de langue internationale (73%) mais celle qui est en augmentation par rapport à l’an dernier est le cours particulier chez le professeur.
Quelles régions ou villes américaines sont les plus plébiscitées actuellement ?
New York reste LA ville la plus plébiscitée par les jeunes et les étudiants. Cette destination sort réellement du lot. Les autres grandes villes comme Miami, San Diego ou Malibu sont également demandées.
Pour les séjours individuels, majorité écrasante également pour New York, qui représente la moitié des ventes. L’autre ville star des États-Unis pour les étudiants est habituellement Los Angeles, mais en 2025 elle a été doublement impactée par les incendies et la politique de Trump.
Quels types de séjours sont les plus plébiscités ?
Les immersions en famille sont les séjours les plus demandés pour les adolescents. Des séjours authentiques durant lesquels le jeune partage le quotidien d’une famille américaine en plongeant dans sa culture et sa langue. L’apprentissage se fait naturellement et le participant vit une expérience humaine unique.
La formule la plus populaire pour les étudiants reste l’école de langue internationale, l’évolution porte surtout sur les destinations, les réservations sont plus concentrées qu’avant sur New York.
La demande a-t-elle évolué par rapport à précédemment (et avant le retour de Trump) ?
Non, la demande a baissé mais elle reste proportionnellement la même.
Quelles sont vos recommandations pour les familles qui souhaitent envoyer leur enfant aux États-Unis cette année ?
Aucune, il n’y a aucun frein pour le tourisme de la part des USA ou de la France. Il n’y a aucune inquiétude à avoir sur d’éventuelles répercussions sur les séjours des enfants ou des hausses de tarifs non prévus. Les tarifs des séjours appliqués aujourd’hui sont ceux qui seront appliqués au départ.
Il est préférable de s’y prendre maintenant pour réserver les séjours, car beaucoup sont déjà complets. Les enfants seront toujours aussi bien accueillis par les familles et les écoles de langue sur site.
Quelles précautions prendre pour choisir un programme et une famille d’accueil dans le contexte actuel ?
Il est préférable de faire appel à un organisme labellisé et certifié, qui a de l’expérience et qui organise des séjours aux USA depuis plusieurs années. Ces organismes avec un historique ont des contacts privilégiés aux USA, et ont établi des relations durables et de confiance avec les familles d’accueil et leurs correspondants locaux.
Avec le retour de Donald Trump à la tête du pays, les parents expriment-ils des inquiétudes spécifiques ?
Nous en avons eu en début d’année 2025, elles se sont tassées aujourd’hui, mais nous voyons par les chiffres que la destination n’est pas en progression. Il y a un impact certain avec certains parents qui préfèrent renoncer à cette destination pour l’instant.
Y a-t-il des changements concrets en matière de politique migratoire qui affectent l’obtention des visas étudiants ou touristiques ?
Non, pas pour le moment.
Est-ce que certaines familles renoncent à envoyer leur enfant aux États-Unis pour ces raisons ?
Oui, nous voyons que le chiffre baisse.
Avez-vous observé une baisse ou une redirection des réservations de séjours vers d’autres pays anglophones ?
Principalement en début d’année où nous avons enregistré plusieurs demandes de modifications de réservations vers d’autres pays anglophones.
Quels sont les avantages et inconvénients de ces alternatives pour des jeunes qui rêvent des États-Unis ?
Les avantages sont souvent financiers, car les USA restent une des destinations les plus onéreuses du catalogue. Les participants peuvent alors partir en Irlande ou au Canada plus longtemps pour le même tarif. L’inconvénient est qu’il est nécessaire de modifier sa destination, bien qu’anglophones et très intéressantes culturellement, ces destinations alternatives ne sont pas les USA et on ne retrouve pas la même expérience.
En 2025, partir en séjour linguistique aux États-Unis reste possible, souhaitable et sûr. Mais la conjoncture impose aux familles une planification plus rigoureuse, et aux professionnels une adaptation constante. La politique du nouveau locataire de la Maison Blanche ne provoque pas un bouleversement brutal, mais accentue une tendance de fond : une certaine prudence, un besoin de garanties, et parfois, une réorientation vers d’autres pays anglophones. Le rêve américain n’est pas mort, mais il devient un investissement réfléchi.
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