Silhouette, mon amie, mon ennemie : comprendre et aimer son corps à l’heure des réseaux sociaux

Blog Silhouette, mon amie, mon ennemie : comprendre et aimer son corps à l’heure des réseaux sociaux

Par Pauline Leduc le

livre silhouette mon amie mon ennemie Dominique-Adèle Cassuto

Avec Silhouette, mon amie, mon ennemie (La Martinière jeunesse), l’endocrinologue et nutritionniste Dominique-Adèle Cassuto signe un livre à destination des adolescent(e)s afin de les aider à comprendre et aimer leurs corps à l’heure des réseaux sociaux.

C’est un livre à mettre entre les mains de tous les jeunes de votre entourage tant il contient une mine d’informations pédagogiques afin de les aider à mieux appréhender leurs corps. Dans son livre Silhouette, mon amie, mon ennemie, la spécialiste des troubles du comportement alimentaire Dominique-Adèle Cassuto – à qui l’ont doit notamment Ma fille se trouve trop ronde (Albin Michel) ou Qu’est-ce qu’on mange : l’alimentation des ados de A à Z (Odile Jacob) – mêle témoignages, tests, cas concrets, conseils et informations scientifiques pour évoquer les complexes liés au corps et à l’image.  Porté par les illustrations bienveillantes de Titeepex, ce livre, accessible dès 12 ans, évite l’écueil de la culpabilisation et du jugement, et permet aux lecteurs ou lectrices de prendre de la distance par rapport aux critères de beauté et au culte de la minceur. En bref, une lecture nécessaire!

Qu’est-ce qui vous a poussé à publier le livre Silhouette, mon amie, mon ennemie ?

Dominique-Adèle Cassuto : Il y a quelques années, j’ai reçu dans la même journée trois jeunes femmes qui m’ont raconté qu’en regardant des photos d’elles adolescentes, elles ne comprenaient pas comment elles avaient pu se trouver grosses. A l’époque, elles avaient développé des troubles du comportement alimentaire et n’acceptaient pas leur corps. J’ai alors décidé d’aller prendre le mal à la racine. Jusqu’alors, j’avais déjà écrit plusieurs ouvrages destinés aux adultes, mais cette fois, j’ai voulu m’adresser directement aux jeunes pour les aider à appréhender leur corps, qu’ils soient maigres, normaux ou enrobés. Mais aussi afin de leur donner des outils pour faire face à une norme de minceur très implantée en France par le biais d’injonctions sociales ou familiales. Mon objectif est que cet ouvrage soit disponible, au-delà des librairies, dans toutes les médiathèques et CDI, pour que les jeunes puissent le feuilleter librement.

image du corps et réseaux sociaux

Vous consacrez une partie importante de cet ouvrage aux réseaux sociaux : leur montée en puissance a-t-elle amplifié les dysmorphobies, voire les troubles du comportement alimentaire ?

Dominique-Adèle Cassuto : Aujourd’hui en consultation, si on ne demande pas à nos patient(e)s quels rapports ils entretiennent avec les réseaux sociaux, qui ils suivent ou admirent, on passe à côté d’une grande partie de leur vie ! Alors oui, évidemment, Facebook, Tik Tok, et surtout Instagram contribuent à amplifier ces troubles chez les adolescents et adolescentes, en diminuant l’estime de soi. A force de proposer des vidéos ou photos de stars soi-disant naturelles, aux mensurations folles, on entretient un idéal inaccessible qui peut susciter beaucoup de complexes et de souffrances. D’autant que contrairement à un magazine qu’on peut reposer, ou une émission à la télé qu’on peut éteindre, les réseaux sociaux sont perpétuellement présents dans la vie des jeunes. C’est une espèce d’agression au quotidien. Je pense par exemple au cas d’une jeune patiente avec un poids très bas et un sérieux trouble du comportement alimentaire, qui s’est mise au yoga pour aller mieux et regardait beaucoup de vidéos. Mais avec les algorithmes, elle avait sans cesse des propositions de contenus autour des régimes et de la perte de poids…

troubles du comportement alimentaire et réseaux sociaux

Alors comment aider les ados à ne plus voir leur corps comme un ennemi et gagner en confiance en soi ?

Dominique-Adèle Cassuto : Je ne pense pas que l’interdiction d’aller sur des sites ou applications soit très efficace. L’accompagnement, en revanche, est une très bonne chose. On peut par exemple leur suggérer de supprimer les notifications, s’intéresser aux comptes qu’ils suivent et leur en proposer d’autres comme « Menteuses-Menteurs », qui met en lumière toutes les retouches de photos truquées des stars, permettant ainsi de prendre du recul et d’appréhender la réalité. Il y a aussi de plus en plus de personnalités qui refusent les diktats, et témoignent sur leurs comptes de parcours de vie qui peuvent parler aux jeunes (harcèlement scolaire, anorexie, addictions…) et les aider. Il ne faut donc pas stigmatiser les réseaux sociaux, d’autant que les lignes bougent actuellement avec les mouvements #bodypositive ou #bodyneutrality, mais accompagner leur utilisation.

A quels indices faut-il être vigilant concernant les troubles du comportement alimentaire ?

Dominique-Adèle Cassuto : Il est difficile de répondre à cette question parce que les préoccupations corporelles, ou une certaine dysmorphobie qui pourraient alerter les parents, sont assez banales à l’adolescence. Mais il y a quand même des signaux à surveiller : une modification de l’alimentation, du tri alimentaire, une tristesse, un isolement… Je constate aussi que le problème est parfois entretenu, de manière inconsciente, par les parents eux-mêmes !

idéal minceur

Vous racontez en effet la façon dont les parents peuvent, involontairement, créer ou amplifier un complexe chez leurs enfants. Quels propos sont à bannir ?

Dominique-Adèle Cassuto : Cela peut être des remarques en apparence anodines comme « bah dis donc, tu as pris du poids », « tu es trop gourmande » ou « fais attention, parce que moi j’étais grosse quand j’étais petite ». Ou bien une inquiétude sur leur appétit, et des reproches sur le fait de se resservir pendant les repas. Or, je rappelle souvent qu’il est parfaitement normal que les jeunes aient faim puisqu’ils sont en pleine croissance, leur corps est en construction. Tant qu’il n’y a pas de décrochage réel par rapport à la courbe du carnet de santé, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Cette valorisation, voire obsession, de la minceur peut aussi être transmise par les parents via leur propre regard sur la nourriture. Voir sa mère lutter contre son poids, être tout le temps au régime, ou entendre son père valoriser souvent la minceur de sa compagne, cela peut avoir un impact important. Il faut donc être très attentif en tant que parents à ses propos en la matière.

Silhouette, mon amie, mon ennemie : comprendre et aimer son corps à l’heure des réseaux sociaux, par Dominique-Adèle Cassuto chez La Martinière jeunesse, septembre 2022, 111 pages, 13,90 €. Commander

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