
La guerre de 14-18 est au programme de troisième au collège. Mieux que dans les livres d'histoire, nous vous emmenons en Picardie, sur les terres de la Bataille de la Somme, qui s'y déroula de juillet à novembre 1916. Découvrez en famille les principaux sites du conflit le plus meurtrier de l'Histoire, et le combat d'hommes venus du monde entier se battre pour la liberté. Une immersion pleine d'émotion et de surprises dans la Grande Guerre, pour transmettre aux plus jeunes une mémoire qui tend doucement à disparaître.
C’est un paysage tranquille aujourd’hui. Des champs vallonnés, des paysages bucoliques, des villages paisibles. Difficile d'imaginer les scènes d'apocalypse de 14-18. La Bataille de la Somme a été d'une ampleur considérable, par le nombre de nationalités impliquées (plus de 30), le nombre de morts (plus d'un million), disparus ou blessés, et les traces qu'elle a laissées dans le sol même : tranchées, trous de mines, végétation anéantie... Le Circuit du Souvenir, qui relie deux villes symboles de la Grande Guerre, Albert et Péronne, permet de comprendre cette page d'histoire internationale et de découvrir les principaux sites des Champs de Bataille de la Somme.
Une guerre mondiale, une bataille internationale
La Bataille de la Somme commence le 1er juillet 1916 à 7h30 précises. En quelques heures, 20 000 soldats britanniques tombent. Le 1er jour de cette bataille qui durera jusqu’à la mi-novembre reste le plus meurtrier de toute l’histoire militaire britannique.
Jusqu’à mi-novembre, sur un front de 45 kilomètres, trois millions d’hommes issus d’une vingtaine de pays s’affrontent. Contrairement à Verdun, duel franco-allemand, la Somme devient le symbole de la première guerre « mondiale ». Britanniques, Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Irlandais, Chinois, et bien d’autres encore… Le monde entier se retrouve ici dans les tranchées, dans la boue et sous les obus.
Un champ de ruines, devenu lieu de mémoire
1 200 000 hommes tués, blessés ou disparus en à peine quatre mois et demi. Les traces de la Grande Guerre dans la Somme sont partout. Les cratères de mines géants, comme celui de La Boisselle. Les tranchées figées, les forêts disparues. La terre, aujourd’hui encore, remonte des obus. On estime qu’il faudra 500 ans pour nettoyer complètement les sols.
C’est justement ces cicatrices laissées sur ces terres de Picardie que l’on vient chercher ici, traces indélébiles d’une bataille qui a marqué à jamais le territoire. Le Circuit du Souvenir relie les villes d’Albert et de Péronne à travers musées, mémoriaux, et cimetières militaires. À Thiepval, le Mémorial franco-britannique rend hommage à plus de 72 000 soldats portés disparus. À Beaumont-Hamel, le Mémorial terre-neuvien offre une immersion poignante dans les lignes de front.
Une guerre du passé, des leçons pour l’avenir
Amener ses enfants ici, c’est les plonger dans une époque où les jeunes de leur âge (le plus jeune soldat britannique engagé avait 12 ans), partaient se battre la fleur au fusil pour défendre un pays, la France, pour certains d’entre eux très lointain, au nom d’un idéal et de la liberté.
Leur montrer la réalité de la guerre, c’est aussi les inciter à préserver la paix. « Le tourisme de mémoire lié à la Grande Guerre dans la Somme doit permettre à chacun de réfléchir à l’impact de la guerre et à préserver la paix, et il est fondamental de sensibiliser les jeunes générations », martèle Sabrina Holleville-Milhat, vice-présidente du Conseil départemental.
En 2023, 11 sites de la Somme ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Pas pour glorifier la guerre, mais pour que les générations futures se souviennent. Dans un contexte géopolitique instable, marqué par le conflit en Ukraine et les menaces grandissantes, cette mémoire n’a jamais été aussi précieuse.
Des outils pour toucher les jeunes
Les musées de la Somme l’ont bien compris : il faut parler aux jeunes dans leur langage. Parmi les initiatives lancées pour intéresser les adolescents notamment, « faire venir de célèbres youtubeurs comme Rivenzi ou Nota Bene, proposer du géocaching ou des visites théâtralisées, aborder la bataille de la Somme par le biais de Tolkien sont autant de nouvelles manières de valoriser le tourisme de mémoire et de toucher un public jeune », explique Sabrina Holleville-Milhat.
Tolkien, l’un des écrivains les plus connus au monde, auteur du « Seigneur des Anneaux », a en effet combattu dans la Somme, notamment à Thiepval. « La beauté de ses personnages et ses créations fantastiques m’ont subjugué au point de me donner envie de découvrir « La Terre du Milieu », avoue Carole Laevens, guide conférencière du réseau Somme Battlefields Partners, qui propose une vingtaine de visites guidées inédites et originales des mémoriaux et sites de la Grande Guerre. « Depuis que j’ai découvert cet auteur, je (re)découvre la bataille de la Somme à travers le regard fascinant de ce génie littéraire », renchérit la guide. Une manière sensible et efficace de capter l’attention des ados.
Des visites intergénérationnelles
Découvrir ensemble les champs de bataille de la Somme et l’histoire de ces soldats tombés pour la France, c’est aussi créer du lien entre générations. C’est croiser des familles britanniques ou australiennes venues honorer un arrière-grand-père jamais revenu. C’est, pour un enfant ou un ado, comprendre que la guerre, ce n’est pas un jeu vidéo. C’est une réalité qui a brisé des millions de vies. Et c’est ensemble, en famille, qu’on peut tirer de ces lieux une leçon essentielle : la paix se cultive, comme la mémoire.
L’Historial de la Grande Guerre de Péronne, porte d'entrée vers la Bataille de la Somme
Historial de la Grande Guerre de Péronne ©Aurélien Roger
Péronne fut occupée pendant presque la totalité de la guerre par les Allemands et libérée par les Australiens le 2 septembre 1918 seulement, après que près de 30 % de la population civile a été tuée. En mémoire de cette période de son histoire, chaque jour, à 12h et 18h, le carillon de l’hôtel de ville sonne les accords de la Madelon, célèbre chant populaire et grivois qu’entonnaient les comiques troupiers et les soldats.
C'est par Péronne, où se trouve l'Historial de la Grande Guerre, que nous vous conseillons de démarrer votre « pèlerinage » sur le chemin de la mémoire de la guerre de 14-18 ans la Somme. Le musée de Péronne est une porte d’entrée obligatoire pour avoir une vision globale de ce conflit international et en comprendre les causes. Une fois franchis le pont-levis et les deux tours, vestiges d’un château médiéval en partie détruit pendant la Première Guerre mondiale, on accède à un musée à l’architecture très contemporaine qui peut surprendre.
La vie quotidienne des soldats et des civils pendant la guerre de 14-18
Après un petit film et une première salle sur l’avant-guerre, qui servent à contextualiser le conflit, le musée nous plonge dans la vie quotidienne des soldats, qu'ils soient Français, Allemands ou Britanniques, mais aussi de la société civile. Plus de 70 000 objets et archives sont mis en scène ou exposés dans des vitrines, dans des salles baignées de lumière (en contraste avec la noirceur du propos). Uniformes et équipements militaires, objets fabriqués dans les tranchées, caricatures et affiches de propagande, jeux et jouets souvent inspirés par la guerre… Des collections riches et insolites, qui complètent ce qu’on peut voir dans d’autres musées consacrés à la guerre de 14-18 comme le Musée de la Grande Guerre de Meaux. Des bornes tactiles devant les vitrines et les fosses et de grandes tables interactives, permettent d'expliquer et d'enrichir le propos de chaque salle. Avec des niveaux de lecture spécifiques pour les jeunes.
Un muséographie très interactive
La scénographie de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne est particulièrement bien pensée. Dans des fosses représentant la symbolique des tranchées, « reposent » les soldats des nations belligérantes avec leur uniforme, leur harnachement et les objets du quotidien qu'ils portaient sur eux. Grâce à la réalité virtuelle, un Poilu, un soldat allemand et une infirmière reprennent vie sous nos yeux (et sur nos smartphones) et nous parlent de leur quotidien sur le front. Bluffant !
La visite se termine par une exposition choc (permanente) de 51 gravures de l’artiste allemand Otto Dix, considéré comme un « artiste dégénéré » parce qu’il montre ce que les Allemands ne veulent pas voir. Des œuvres dérangeantes, qui témoignent de manière très crues des réalités de la guerre et ses traumatismes, tant sur les hommes que sur les paysages.
Exposition temporaire (Du 28 mars au 21 septembre 2025) : Guerre en jeux – Une vision de la guerre dans l’univers ludique
L’Historial de Péronne propose régulièrement des expositions thématiques en lien avec la guerre. Pourquoi les jeux de guerre sont-ils aussi populaires et quel est leur impact sur nos mentalités ? Des soldats de plomb aux jeux vidéo (le Musée Guerre et Paix en Ardennes a d’ailleurs lui aussi accueilli l’an dernier une exposition consacrée aux jeux vidéo autour de la Grande Guerre, Jeux de guerre. Jouer avec l’Histoire), en passant par les figurines GI Joe, l’exposition interroge sur une représentation de la guerre souvent bien éloignée de la réalité et sur une société qui rejette moralement la violence mais continue de mettre en scène le conflit pour divertir.
Nos recommandations pour une visite de l'Historial de Péronne en famille
Faites une visite guidée avec un médiateur du musée. Valentin, rôdé au public scolaire, rend la visite passionnante pour des enfants et des ados (y compris pour les parents !) avec force anecdotes. Saviez-vous par exemple que le terme « Poilu » désigne un homme vigoureux en argot ? Que le passage à l’heure d’été date de la Grande Guerre, pour faire des économies de gaz ? Ou que le plus jeune engagé, britannique, avait 12 ans ?
Si vos enfants ne sont pas motivés à y passer 2h, l’Historial de Péronne propose des Visites Flash thématiques et guidées de 30 à 45 mn pendant les vacances scolaires et sur certains week-ends. Parmi les thèmes proposés : être soldat au quotidien, la propagande, grandir en temps de guerre, la guerre et les animaux… Se renseigner à l’accueil pour réserver une visite.
Des outils pour les enfants et les ados, pour apprendre en s’amusant :
- Carnets d’activités pour les +7 ans, +9 ans et +16 ans
Des carnets thématiques pour découvrir le musée et apprendre en s’amusant sont plutôt bien faits pour capter l’attention des plus jeunes : « Les femmes dans la Grande Guerre », « Les petits au musée », « Les jouets dans la Grande Guerre », « Les animaux dans la Grande Guerre » …). Gratuits, à demander à l’accueil.
- Appli « Reporter 14-18 »
Cette application spécialement conçue pour les familles, et les enfants à partir de 6 ans, pour une visite scénarisée de l’Historial de Péronne. Ludique et pédagogique.
- Appli Chemin d’écrivains
Plus adaptées aux adultes et aux ados, cette appli propose de suivre le parcours d’écrivains et poètes (soldats, civils, médecins, infirmières) au fil des textes inspirés de leur passage dans la Somme pendant et après la Première Guerre mondiale.
Infos pratiques :
Historial de la Grande Guerre
Château de Péronne - 80201 Péronne Cedex
Durée approximative de la visite : 2h minimum
Tel. 03 22 74 60 47
www.historial.fr
Le Mémorial de Thiepval, lieu de pèlerinage des familles britanniques
Le Mémorial de Thiepval, le plus grand monument britannique au monde ©Somme Tourisme
C’est certainement le monument le plus emblématique et le plus impressionnant de la Bataille de la Somme. Le Mémorial de Thiepval, construit en 1932, se dresse sur une colline dominant un paysage bucolique. Difficile d’imagine qu’il fut le théâtre de l’une des batailles les plus meurtrières de la Grande Guerre. Ce monument imposant, haut de 45 mètres, visible depuis Amiens, est le plus grand mémorial britannique de guerre au monde. Il commémore la mémoire de plus de 72 000 soldats britanniques et sud-africains venus en renfort dans la Somme, les Français ayant été mobilisés sur le front de Verdun. 20 000 ont été tués sur la seule journée du 1er juillet 1916, qualifiée par les Britanniques de « jour le plus sanglant de son histoire militaire ».
Sur ses 16 colonnes symbolisant les 16 batailles de la Somme, sont gravés les noms de tous les soldats morts ou portés disparus entre 1915 et 1918.
Un espace musée très émouvant
Avant d’accéder au Mémorial, vous passerez par l’espace muséographique, particulièrement émouvant. Dès l’entrée, la guerre a un visage, et même plus de 600 visages. Ceux des soldats disparus ici, et dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Vous y croiserez des familles britanniques, qui continuent inlassablement de chercher leurs aïeux disparus. L’histoire de ces soldats britanniques est particulièrement touchante : jeunes, inexpérimentés, tous volontaires, ils étaient pour la plupart issus des mêmes villes, des mêmes usines, des mêmes clubs sportifs. On les a baptisés « les Pals » (bataillons de copains).
Ici, les soldats ont un visage et une histoire
Plus de 12 000 parcours de soldats ont été reconstitués par un couple de Britanniques, afin d’humaniser ces soldats, pour qu'ils ne soient pas qu'un nom gravé dans la pierre (accessible sur www.thiepval.org.uk). Le musée nous plonge dans l’histoire personnelle de certains d’entre eux.
Une exposition pédagogique claire et concise redonne les clés nécessaires à la compréhension des batailles de la Somme. Elle s'attache à l'histoire très particulière de Thiepval. Un petit village de 200 habitants en 1914, au cœur de la bataille, resté aux mains des Allemands jusqu'au 24 août 1918.
Un bande dessinée XXL pour raconter la bataille du 1er juillet 1916
Pour clôturer la visite, ne manquez pas la salle consacrée à la fresque « La Grande Guerre » de Joe Sacco. Auteur de romans graphiques, l’artiste a gravé sur une gigantesque fresque de verre de 60 mètres sa vision de la bataille du 1er juillet 1916. Une sorte de BD géante qui nous transporte de la veille des combats à la fin de cette journée funeste. Une œuvre forte qui fourmille de détails pour résumer cette journée tragique. Elle interpellera tout particulièrement les adolescents.
Le Mémorial Franco-Britannique de Thiepval
80300 Thiepval
Tel. 03 22 74 60 47
Accès libre au Mémorial toute l'année.
Durée approximative de la visite : 1h30
www.historial.org
Le Mémorial de Beaumont-Hamel, territoire canadien
A quelques kilomètres de Thiepval, le Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel commémore le souvenir de la 29e division. 710 hommes sur un régiment de 790 ont été tués ou blessés ici le 1er juillet 1916, au premier jour de la bataille de la Somme. Vous êtes ici en territoire canadien (Terre-Neuve était à l’époque une colonie britannique), accueillis par de jeunes Canadiens qui vous feront office de guides.
C’est l’un des sites les plus poignants, mais aussi le plus didactiques pour comprendre le déroulement des combats. Il donne une vision émouvante et réaliste des combats grâce à un champ de bataille et des tranchées admirablement bien conservés. Pas de reconstitution ici, mais un site magnifiquement préservé, pour garder les traces de cette guerre pour les générations futures.
Au coeur des tranchées et du champ de bataille
L’accès à ce site de 30 hectares est gratuit. Le mieux est de se faire accompagner d’un guide (un étudiant canadien sur place, ou un guide du réseau Somme Battlefields Partners). Ils vous expliqueront le système des tranchées, l'impact de la guerre de 14-18 sur le Canada et les Terre-Neuviens, les particularités des cimetières terre-neuviens… Là encore, l’ambiance incite au recueillement.
Du haut de la butte du Caribou (avec sa magnifique statue grandeur nature comme emblème), la vue sur le champ de bataille est panoramique. Nulle part ailleurs on a un tel point de vue sur les boyaux de communication des tranchées, de part et d’autre, avec au milieu, le no man’s land. On déambule dans les tranchées et on a la vision du soldat sur le front et sur les lignes adverses. Le calme ambiant serait presque pesant s’il n’était pas brisé par le cri des corbeaux. Les moutons paissent tranquillement sur le no man’s land (remplaçant les tondeuses pour préserver le calme). Les lieux sont apaisants et bucoliques aujourd’hui. Mais la mémoire des événements passés est vive et l’émotion forte.
Le Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel
80300 Beaumont-Hamel
Tel. 03 22 76 70 86
Ouvert toute l'année. Visites guidées gratuites toutes les 20 mn de 9h à 17h.
Durée approximative de la visite : 1h30
www.vac-acc.gc.ca
A proximité du Mémorial de Thiepval et du Mémorial de Beaumont-Hamel :
Faites un crochet par le « Lochnagar Crater », le trou de mine de La Boisselle. Ici, le 1er juillet 1916, les hommes se lancèrent au combat à 7h28 précises, sous une pluie d’obus, se ruant vers une mort imminente. Ce trou de mine de 91 mètres de diamètre et de 21 mètres de profondeur, le seul du front de l’Ouest encore accessible, témoigne de la puissance dévastatrice de ces armes.
Le Musée Somme 1916, un musée souterrain
Au terme de 5 années de guerre, la ville d'Albert fut presque totalement détruite. Puis entièrement reconstruite dans un style Art Déco. Le monument le plus remarquable est sans doute la magnifique Basilique Notre Dame de Brebières, véritable palais des 1001 nuits, parée de dorures et de mosaïques, et coiffée d’une statue de la Vierge dorée, haute de 5 mètres, à l’histoire rocambolesque.
Un musée sur la guerre de 14-18 dans des souterrains du Moyen Age
Le Musée Somme 1916 vous conduit dans les entrailles de la ville. Installé dans d’anciens souterrains du 13e siècle reconvertis en abri anti-aérien pendant la Seconde Guerre mondiale, il abrite aujourd’hui un musée consacré… à la Grande Guerre et à la Bataille de la Somme. Tout au long d’un parcours de 250 mètres, à 10 mètres sous terre, dans des alcôves, des scènes racontent la vie dans les tranchées des soldats des différents pays belligérants. Elles montrent la dure vie des soldats pendant la Bataille de la Somme, l'affrontement à l'ennemi, la boue, le froid, les nuits sans sommeil, les problèmes d'hygiène, mais aussi les moments de distraction...
Une visite guidée passionnante à hauteur d'enfants et d'ados
Vous pourrez télécharger une appli pour vous guider à l’entrée du musée. Mais le mieux est encore de réserver une visite accompagnée d’un guide, qui saura adapter son discours aux familles. Nous vous recommandons Gauthier, habitué à l’accompagnement de scolaires. Plus axée sur le quotidien du soldat et sur l’humain que sur l’aspect militaire, avec forces anecdotes et beaucoup d’humour, il rend la visite passionnante pour les enfants et les ados (et pour les grands !)
On a ainsi appris que le Poilu, avant de rentrer chez lui, rendait son uniforme, mais gardait son casque. Que l’armée française a été la première au monde à être équipée d’un casque en acier. Qu’on trouve des accessoires insolites dans le barda du soldat, comme un martinet… qui servait à ôter la boue des uniforme, un set de couture, un pot de crème (Nivéa chez les Allemands), de l’aftershave… ce qu’on appelle les non-essentiels des tranchées. Ou encore que cinq millions de lettres ont été échangées en France durant le conflit.
Des milliers d'objets témoins de la guerre de 14-18
Des milliers d'objets accumulés depuis plus de 20 ans sont présentés dans des vitrines du Musée Somme 1916. Des objets trouvés dans les champs, encore aujourd'hui (fusils, casques, objets personnels, squelettes...). Ils sont « dans leur jus », ce qui donnent une vision très émouvante et réaliste de la vie des soldats dans les tranchées. Et des objets de collection, classés par thèmes (objets fabriqués par les soldats dans les tranchées, casques à pointe...). Puis on traverse une tranchée « sonorisée » avec effets de lumières et fumigènes, pour vivre l’expérience du Poilu avant de remonter à la surface.
Musée Somme 1916
Rue Anicet Godin 80300 Albert
Durée approximative de la visite : 1h30
Tel. 03 22 75 16 17
www.musee-somme-1916.eu
Le Mémorial National australien et le Centre Sir John Monash
Memorial australien de la bataille du 25 avril 2018 à Villers-Bretonneux ©Somme-Tourisme-AC
Les Australiens et les Néo-Zélandais, en tant que membres du Commonwealth, ont combattus en France aux côtés des Britanniques. L’année 1918 fut marquée par les avancées remarquables des unités australienne. Dans la nuit du 24 au 25 avril 1918, les troupes de l’ANZAC (Australian and New-Zeland Army Corps) menèrent ainsi une bataille décisive à Villers-Bretonneux, libérant ce petit village picard de l’occupation allemande, et évitant la prise d’Amiens. Au prix de la vie de 8 709 soldats australiens et quelques 11 000 disparus, dont les noms sont gravés sur le Mémorial National australien. Vous pourrez monter en haut de sa tour pour une vue panoramique sur l’ancien champ de bataille.
Mémorial national australien de Villers-Bretonneux, en l'honneur des quelques 20 000 soldats morts ou disparus lors de la bataille du 25 avril 1918 (Flick.com)
L’Anzac Day, fête nationale de la victoire australienne
Cette bataille eut un impact profond chez les Australiens, qui commémorent chaque année cette date du 25 avril, assimilée à notre 14 juillet, dans toute l'Australie, en Nouvelle-Zélande et à l'étranger, là où leurs soldats ont combattu. Le village de Villers-Bretonneux se pare alors de drapeaux australiens, les kangourous en peluche se cachent derrière les fenêtres, et on y croise presque plus d’Australiens que de gens du cru. Car ici chaque 25 avril, le gouvernement australien organise au Mémorial National Australien une cérémonie émouvante pour l’ANZAC Day, retransmise en direct à la télévision australienne. Des centaines d’Australiens se retrouvent à l’aube (à 5h30 précises, heure de lancement de l’offensive contre les Allemands), pour commémorer le souvenir de leurs compatriotes morts lors de cette bataille décisive.
Le Centre Sir John Monash, pour comprendre l'implication de l'Australie dans la guerre
Implanté derrière le Mémorial National australien, le Centre Sir John Monash raconte l’histoire australienne sur le front occidental pendant la Première Guerre mondiale, à travers les mots de ceux qui y ont participé. Inauguré en 2018 pour marquer le centenaire de la Première Guerre mondiale, le Centre utilise les dernières technologies multimédias pour capter l'attention des (jeunes) visiteurs. Ecouteurs vissés aux oreilles (location 3 € à l’accueil si besoin) et connectés à l’application SJMC depuis son smartphone, on se laisse guider.
Plus de 400 écrans mêlent ainsi images d’archives et images de reconstitution pour raconter la vie des soldats australiens au front et à l’arrière. Une salle immersive à 360° permet de revivre les batailles de Villers-Bretonneux et de Le Hamel. Une expérience impressionnante et très réaliste, à éviter avec les plus jeunes ou les âmes sensibles.
On passera facilement 2h dans ce musée qui aborde des sujets allant des raisons de l'engagement de l'Australie dans la guerre à l'explication des conséquences de la guerre sur le pays. Une visite très instructive sur l’implication des Australiens dans la Bataille de la Somme, que l’on connait peut-être moins.
Nos recommandations :
On recommandera la visite avec des adolescents plutôt qu’avec des enfants plus jeunes, le parcours étant constitué majoritairement d’images, dont beaucoup peuvent choquer. Vous pourrez toutefois retirer gratuitement à l’accueil une tablette sur laquelle est installée une chasse au trésor pour les 6-9 ans ou les 9-12 ans, qui captera leur attention et les détournera des contenus sensibles.
Mémorial National australien / Centre Sir John Monash
Route de Villers-Bretonneux
80800 Fouilloy
Tel. 06 60 62 01 40
Entrée gratuite. Ouvert tous les jours de 10h à 17h
Durée approximative de la visite : 2h
Plus d’informations
Centre Vignacourt 14-18, la guerre en photos... hors champs
Pour compléter la visite du Mémorial National Australien de Villers-Bretonneux, ne passez pas à côté du Centre d’interprétation Vignacourt 14-18, situé à environ 30 mn d’Amiens et de Villers-Bretonneux. L’histoire de ce lieu est atypique et très touchante. Dans ce village de l’arrière-front sous commandement britannique se côtoyaient des soldats de nombreuses nationalités en permission. Louis et Antoinette Thuillier, passionnés de nouveautés et de photographie, installent dans leur ferme un studio photo improvisé avec une toile de fond et quelques accessoires, pour que les gens du village viennent se faire tirer le portrait.
Un souvenir émouvant des soldats en permission
Pendant la guerre, les soldats viennent s’y faire prendre en photo, pour l’envoyer sous forme de carte postale à leur famille. Pendant 100 ans, ces photos sur plaques de verre dormiront au fond d’une malle dans le grenier de la ferme, avant d’être retrouvées par un historien amateur. 4 000 négatifs ont ainsi été découvert, aujourd’hui exposés au Mémorial de Canberra en Australie.
Transformée en centre d’interprétation, l’ancienne ferme expose aujourd’hui des tirages des plaques originales. On y voit des soldats australiens, africains, chinois, indiens prenant la pose, en solo ou en groupe, avec les gens et les enfants du village parfois. Des soldats en permission, détendus, souriants, qui semblent vivre en parfaite entente avec la population locale. Certains clichés laissent transparaître l’inquiétude ou la mélancolie sous-jacente. Tous sont « habités ». Un témoignage intime sur ces tranches de vie, et cette parenthèse loin du front. Grâce à ces clichés, quelques 300 soldats (sur plus de 4 000 photos) ont pu être identifiés, permettant à des familles de retracer le parcours et l’histoire de proches disparus.
Un conseil, laissez-vous guider par Angèle ou Valérie, elles vous raconteront une multitude d’anecdotes sur les époux Thuillier, autour de la découverte de ce trésor caché, sur le parcours de certains des soldats photographiés, sur la vie sur l’arrière-front… Une visite passionnante, qui plonge dans l’intime et l’émotion, et laisse entrevoir une face moins exposée de la Grande Guerre.
Centre Vignacourt 14-18
196 rue d'Amour
80650 Vignacourt
Durée approximative de la visite : 1h30
https://www.vignacourt1418.com/
La Cité souterraine de Naours, mémoire vivante et lieu de vie à l’arrière du front
À 33 mètres sous terre, la Cité souterraine de Naours dévoile un labyrinthe creusé dans la craie dès le 15e siècle. Avec ses 2 kilomètres de galeries et ses 144 « muches » – des cachettes individuelles où les villageois pouvaient survivre plus d’un mois avec leur bétail – ce site unique a d’abord servi de refuge en temps de guerre, notamment pendant la guerre de Trente Ans.
Redécouverte en 1887 par l’abbé Danicourt, curé du village passionné d’archéologie, la cité est ouverte au public dès 1906. Elle devient, à la veille de la Première Guerre mondiale, une attraction touristique majeure. Pendant le conflit, des milliers de soldats en repos y font halte, visitant les lieux comme on visite un monument. Certains laissent une trace de leur passage : plus de 3 200 graffitis (le nom des soldats, leur matricule, etc, gravés dans la pierre), dont plus de 300 ont pu être attribués à des soldats identifiés, dont on a même retrouvé les photos pour certains à la ferme de Vignacourt. Ces graffiti révèlent une autre réalité de la guerre – celle de l’arrière, du répit, d’une vie qui continue malgré tout.
Des visites-enquêtes sont aussi proposées pour les familles (à partir de 8 ans), dans des salles ouvertes exceptionnellement.
Prévoyez des vêtements chauds pour la visite des souterrains, il y fait 9°C toute l’année.
Autour des galeries souterraines, qui ont la particularité de se trouver au-dessus du village, un vaste parc de 10 hectares offre de nombreuses activités : accrobranche dès 5 ans, mini-golf, visite du moulin et atelier farine.
Cité Souterraine de Naours
5 Rue des Carrières, 80260 Naours
Fermé de novembre (après les vacances de la Toussaint) à fin janvier.
Restauration sur place.
Durée approximative de la visite : 2h
Informations pratiques
Les principaux sites de la Bataille de la Somme se situent à environ 50 km d'Amiens, 85 km de Lille, 130 km de Paris, 145 km de Bruxelles.
Pour venir sur les sites de la bataille de la Somme :
En voiture : Autoroutes A1, A16, A26, A28 et A29
En train : Gare TGV Haute-Picardie, lignes Paris-Lille et Paris-Calais
Bonnes adresses où dormir :
La Chrisfaunie, à Villers-Bretonneux
Christophe vous accueille dans ses gîtes au coeur du village, à 2,5 km à pied du Mémorial australien. L'un peut accueillir une famille de 4 personnes. Accès au jardin, possibilité de barbecue, et prêt de vélos sur demande. Une adresse cosy et sympathique. Tarifs de 33€ à 66€ la nuit selon la durée du séjour.
7 Rue du Pressoir - 80 800 VILLERS BRETONNEUX
Tél : 06 84 38 35 69 - www.lachrisfaunie.fr
L’Annexe, à Amiens
Si vous avez des ados, vous pourrez dormir à Amiens et profiter de l'animation des soirées estivales le long des canaux. Margaux vous accueille dans une maison amiénoise typique récemment rénovée, à 10 mn à pied du centre-ville. Elle propose une chambre familiale en duplex, et un petit déjeuner copieux, que vous pourrez prendre dans le patio si le temps le permet. Une adresse tranquille et sympathique au coeur d'Amiens d'où vous pourrez sillonner vers les principaux sites de la Grande Guerre.
20 Rue le Mattre, Amiens
Tel. 06 24 41 32 13 - www.annexe-amiens.com
Un guide pour vous accompagner sur le Circuit de la Mémoire dans la Somme :
Le Guide du Routard Picardie 14-18 - Centenaire d'un conflit mondiale - Commander sur Amazon
Pour plus d'informations :
Somme Tourisme : Somme14-18.com
Distances : En voiture : depuis Paris, A1 sortie 13. Depuis Lille, A1, sortie 13.1. Depuis Amiens, A 29.
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On a fait le musée d’Albert avec les enfants, très réaliste avec sa galerie souterraine et moins sinistre que les cimetières pour eux