Votre ado est en surpoids et en souffre, mais vous ne savez pas comment l’aider ? Vous vous dites qu’il faudrait peut-être le mettre au régime ? Et en même temps, vous savez au plus profond de vous que les régimes ne fonctionnent pas…Voyons ensemble comment construire une solution durable, réaliste et bienveillante pour aider au mieux votre ado.
Votre ado est-il vraiment en surpoids?
L’indice de masse corporelle, plus connu sous le sigle IMC, est un outil couramment employé pour évaluer la corpulence d’une personne. Il se calcule en rapportant le poids (en kilogrammes) à la taille (en mètres) élevée au carré. Cet indicateur permet de situer un individu dans différentes catégories : une valeur inférieure à 18,5 indique une insuffisance pondérale, entre 18,5 et 24,9 une corpulence dite normale, entre 25 et 29,9 un surpoids, entre 30 et 34,9 une obésité modérée, entre 35 et 39,9 une obésité sévère, et au-delà de 40, on parle d’obésité morbide ou massive.
Attention, car ce mode de calcul est trompeur. Une personne très sportive, très musclée, ayant peu de masse grasse, aura pour autant un IMC élevé… ll est normal que l’IMC monte avec la puberté. L’adolescent développe plus de masse qu’un enfant. Pour autant, on ne peut pas vraiment dire qu’il grossit mais plutôt qu’il se transforme et qu’il se développe. Donc prudence sur ce fameux IMC…
Identifier l’origine de la prise de poids : votre ado mange-t-il équilibré ?
Pour aider votre ado, il est important de définir l’origine de sa prise de poids. Par rapport à ça, veillez à ce que son assiette soit équilibrée, c’est à dire composée de 1/2 de légumes, 1/4 de protéines, 1/4 de féculents. Pour faire simple, c’est grâce à cet équilibre que la satiété durera plus longtemps et qu’il n’aura pas de fringales à cause d’un potentiel déséquilibre. Ce qui l’amènerait à manger trop.
Je vous explique : une assiette composée seulement de féculents et de protéines par exemple, c’est une assiette qui va directement en stock. En effet, cela entraîne un trop plein de sucre dans le sang. Hors, notre corps aime la stabilité. Pour réguler ce trop plein, il produit une hormone, l’insuline, qui vient prendre tout ce sucre pour le mettre en stock. Il n’y a alors plus de sucre dans le sang. Or il en a besoin. Donc il en réclame à nouveau…C’est aussi ce qui se passe quand on commence un paquet de gâteaux. Le sucre appelle le sucre. Il est essentiel d’expliquer cela à votre ado. Car plutôt que de lui imposer, cela donne du sens à tout ça…
Regardez de près son comportement alimentaire
Dites vous bien qu’AUCUN aliment ne fait grossir. C’est ce qu’on en fait qui nous amène à prendre du poids. Le comportement alimentaire, c’est donc tout ce qui nous amène à manger trop.
Quelles sont les habitudes alimentaires de votre ado ?
Gardez bien une chose en tête : lorsqu’on mange parce qu’on a réellement faim, cela ne conduit généralement pas à une prise de poids. Le problème, c’est que nous avons tous acquis, au fil du temps, des habitudes alimentaires qui nous poussent à manger sans faim. Ces automatismes peuvent venir du cadre familial, ou être propres à votre adolescent.
Posez-vous cette question : pourquoi vous mettez-vous à table ? Parce que l’heure l’impose, ou parce que votre corps envoie un vrai signal de faim ?Et votre ado ? Prend-il systématiquement un dessert, même s’il n’a plus vraiment faim ? Pour l’aider à prendre conscience de ces automatismes, vous pouvez simplement lui en parler. Par exemple, proposez-lui cette petite astuce : « À chaque fois que tu t’apprêtes à manger, demande-toi si tu as faim. Et si oui, à quel point ? Sur une échelle de 1 à 10 ». S’il a faim à 10/10, il mange en conséquence. Mais s’il n’a faim qu’à 2/10, une petite portion suffit.
Le rôle de l’éducation dans les comportements alimentaires
Il est aussi essentiel de réfléchir aux messages que nous transmettons à nos enfants, parfois sans nous en rendre compte, autour de l’alimentation. Des phrases anodines, souvent héritées de notre propre éducation, comme : « Finis ton assiette, il ne faut pas gaspiller » ou « Tu n’auras un dessert que si tu as tout mangé », peuvent en réalité envoyer des signaux contradictoires.
Pourquoi insister pour finir son assiette quand la sensation de faim n’est plus là ? Il est tout à fait possible de conserver les restes pour le repas suivant : c’est économique, pratique et ça évite de cuisiner à nouveau ! Et dire à un enfant qu’il doit tout manger pour « mériter » son dessert revient à lui apprendre à manger même sans faim… Ce n’est pas l’idéal pour l’aider à écouter ses besoins et à réguler naturellement son appétit.
Déconstruire les fausses croyances autour de l’alimentation
Les influences des régimes à la mode et de l’industrie agroalimentaire nous ont peu à peu éloignés d’une alimentation simple, naturelle, guidée par nos sensations. À force de messages répétés, beaucoup d’idées fausses se sont ancrées dans nos esprits. On pense, par exemple, que pour perdre du poids, il faut systématiquement choisir des produits allégés à 0 %, ou qu’une pomme verte est forcément un meilleur choix qu’une crêpe au Nutella pour le goûter.
Chez les adolescents, ce sont surtout les réseaux sociaux qui véhiculent ces croyances et injonctions alimentaires, souvent déconnectées du bon sens et de l’écoute du corps. Prenez le temps d’en discuter avec votre ado. Faites le point ensemble : quelles idées reçues a-t-il intégrées ? Cela peut être un excellent point de départ pour l’aider à construire une relation plus sereine avec la nourriture.
Prendre en compte les émotions liées à la vie d’ado
Être adolescent n’est pas toujours simple… Et comme les adultes, les ados peuvent naturellement chercher du réconfort dans la nourriture. C’est tout à fait normal : manger sert aussi à apaiser. Le problème apparaît lorsque cela entraîne une prise de poids importante, ou que les grignotages deviennent compulsifs et incontrôlables.
Le dialogue est essentiel dans ces situations. N’hésitez pas à en parler avec votre enfant : grignote-t-il souvent ? À quels moments ? Qu’est-ce que cela lui apporte sur le moment ? Ces questions permettent de mieux comprendre si l’alimentation est utilisée pour calmer des émotions. Si vous sentez que l’aspect émotionnel est très présent, un accompagnement peut être précieux. La sophrologie, par exemple, est une belle approche pour aider les ados à gérer leur stress et leurs émotions. Cela les aidera non seulement dans leur rapport à la nourriture, mais leur offrira aussi des outils pour grandir plus sereinement et s’épanouir en tant qu’adultes.
Et si vous suspectez qu’un traumatisme ou une histoire personnelle difficile est à l’origine de ce comportement, il peut être utile de consulter un hypnothérapeute spécialisé, capable de travailler en profondeur sur ces blocages.
Bien manger… et bien bouger
Et oui, on le sait : à l’ère des écrans, il devient de plus en plus difficile d’inciter les adolescents à bouger. Entre les jeux vidéo, les réseaux sociaux et les séries à la chaîne, l’activité physique passe souvent au second plan… voire est complètement absente du quotidien.
Pourtant, bouger reste fondamental, non seulement pour la santé physique, mais aussi pour l’équilibre émotionnel. L’activité physique permet de libérer des tensions, de mieux gérer le stress, d’améliorer le sommeil et même de renforcer la confiance en soi. Ce n’est pas seulement une question de calories ou de silhouette : c’est un vrai levier de bien-être.
Alors, essayez, même si ce n’est pas toujours évident. Proposez à vos ados des activités qui peuvent leur plaire, sans les forcer : une balade à vélo, une séance de sport en musique à la maison, une rando en famille, un match improvisé, ou même une danse un peu folle dans le salon. Le plus important, c’est le plaisir et le partage, pas la performance.
L’objectif ? Qu’ils prennent conscience par eux-mêmes des effets positifs : plus d’énergie, un moral plus stable, un corps qui se sent mieux. Et ces bénéfices, une fois ressentis, peuvent devenir une vraie motivation pour bouger davantage… sans contrainte.
Bien dans sa tête et bien dans son corps
Vous l’aurez compris : l’enjeu n’est pas simplement de réduire les portions ou de contrôler ce que mange votre ado. Ce qui compte avant tout, c’est de comprendre ce qui le pousse à manger en excès. Est-ce une habitude ? Une réponse au stress ? Un besoin de réconfort ?
On voit bien qu’un régime ne règle rien sur le long terme. Bien sûr, il peut provoquer une perte de poids temporaire en créant un déficit calorique. Mais si les causes profondes — émotionnelles, comportementales ou éducatives — ne sont pas prises en compte, le poids revient. Parfois même avec des effets amplifiés.
Ce qui fait vraiment la différence, c’est de construire une approche bienveillante et durable. Car à vouloir trop contrôler, à interdire certains aliments, on prend le risque d’entrer dans une spirale de frustration, de culpabilité… voire de troubles du comportement alimentaire.
L’objectif, c’est de revenir à une alimentation naturelle, intuitive et sereine. En aidant votre adolescent à reconnaître ses sensations de faim et de satiété. En l’invitant à prendre du recul sur ses habitudes, sur les messages qu’il a reçus (ou qu’il reçoit encore) autour de la nourriture, et sur les croyances parfois erronées diffusées par les réseaux sociaux ou son entourage. Il ne s’agit pas de viser la perfection, mais d’accompagner votre ado pas à pas, dans une démarche respectueuse de son rythme, de son corps, et de sa vie en pleine construction.
Hélène Caroff est psycho-nutritionniste, spécialiste du surpoids important et de l’obésité.
Ses coordonnées pour la consulter : 4 allée François Duine, 29000 Quimper
Pour la joindre : 06 08 42 93 45
Son site internet : https://helene-caroff.fr/
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