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Harcèlement scolaire et cyberharcèlement : ce que chaque parent doit savoir (et faire)

Par Nathalie Brunissen - Mise à jour le

harcèlement scolaire que faire en tant que parent

Le 6 novembre marque la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école. Cette année, les résultats de la cinquième étude annuelle menée par e-Enfance/3018 et la Caisse d’Épargne dressent un constat alarmant, mais appellent surtout à une mobilisation collective, avec les parents en première ligne.

Des chiffres qui interpellent : 1 enfant sur 3 harcelé

Le phénomène ne faiblit pas. En 2025, 37 % des enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans déclarent avoir été victimes de harcèlement ou de cyberharcèlement. Cela représente plus de 5 millions de jeunes en France. « 37 %, ce n’est pas un chiffre. Ce sont 5 millions d’individus qui vont à l’école la boule au ventre, souvent dans l’indifférence générale. L’enfance n’est plus un refuge », alerte Samuel Comblez, psychologue et directeur général adjoint de l’Association e-Enfance / 3018.

Le lycée est le niveau le plus touché (40 % des lycéens concernés), mais les plus jeunes ne sont pas épargnés : 18 % des élèves de primaire subissent déjà du cyberharcèlement. « Voir des enfants de 6 ans déjà touchés par ce fléau nous impose d’agir rapidement et concrètement. Notre mission est claire : apporter une aide concrète aux victimes et à leurs proches », souligne Simon Cascarano, directeur du développement B2C de la Caisse d’Épargne.

ou les enfants se font ils le plus harceler

L’école, toujours l’épicentre

71 % des cas ont lieu dans l’enceinte scolaire, principalement dans la cour de récréation. Les activités extrascolaires (centres de loisirs, sport) sont également concernées, bien que dans une moindre mesure (7 %).

Mais ce qui frappe surtout, c’est la continuité entre le harcèlement scolaire et son prolongement numérique. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux et des messageries de groupe, les agressions suivent les enfants jusque dans leur chambre, brisant les barrières entre vie privée et publique, jour et nuit. « Il n’y a plus de frontière entre la cour de récré et la chambre d’un enfant. Le harcèlement se prolonge sur WhatsApp, TikTok ou Instagram, brouillant la limite entre jour et nuit, réel et virtuel », insiste Samuel Comblez.

signes harcèlement scolaire primaire

Le rôle destructeur des écrans et des réseaux

Aujourd’hui, 90 % des collégiens et 99 % des lycéens utilisent les réseaux sociaux. Plus inquiétant encore, 65 % des enfants de primaire y sont déjà présents, malgré l’interdiction légale avant 13 ans. Résultat : les violences en ligne explosent.

WhatsApp est le canal principal de cyberharcèlement (41 % des cas), souvent via les groupes de classe. On y voit des humiliations, des moqueries, des vidéos ou photos diffusées sans consentement. Le harcèlement devient permanent et invisible aux adultes. « Les enfants s’exposent de plus en plus tôt. Le numérique est devenu un espace social où l’on existe ou non. Et cette exposition précoce les rend particulièrement vulnérables », constate Sandrine Ziza, directrice Banque, Finance et Assurance chez Audirep.

comment signaler un harcèlement sur whatsapp

Des conséquences graves, dès le plus jeune âge

Les répercussions du harcèlement sur la santé mentale des jeunes sont massives :

  • 24 % des victimes parlent de souffrance extrême
  • 42 % ressentent de l’angoisse
  • 25 % ont des pensées suicidaires
  • 50 % perdent confiance en eux
  • 40 % déclarent ne plus faire confiance aux adultes

Les filles sont particulièrement exposées : 27 % évoquent une souffrance extrême, 39 % pensent à se faire du mal. Les effets sont amplifiés par la pression sociale à s’exposer, à être “parfaite” en ligne, à se conformer. « Le harcèlement, ce n’est pas un “passage obligé”. C’est une violence. Une blessure psychique profonde qui peut durer toute une vie », martèle Samuel Comblez. « Je vois des adultes en thérapie pour des faits de harcèlement vécus dans l’enfance. »

harcèlement scolaire conséquences psychologiques

Harceleurs, témoins : comprendre pour mieux intervenir

L’étude montre que 19 % des jeunes reconnaissent avoir participé au harcèlement, souvent sans mesurer la portée de leurs actes. Le groupe joue un rôle central : 45 % disent avoir agi “par effet de groupe”, 19 % “pour rigoler”, 18 % “pour se venger”. « On découvre que beaucoup d’auteurs ont eux-mêmes été victimes. Harceler devient une façon de reprendre le pouvoir, d’éviter d’être la cible », explique Samuel Comblez.

La prise de conscience est possible : 77 % des auteurs admettent la gravité des faits. Mais 24 % récidivent, preuve que la sanction seule ne suffit pas. Il faut expliquer, accompagner psychologiquement, leur faire comprendre les conséquences pour les victimes.

Côté témoins, 28 % des jeunes ont assisté à des faits de harcèlement. Ils se sentent souvent mal, impuissants, et ont besoin d’un cadre pour intervenir. Trop souvent, les adultes sont absents ou silencieux. « Les témoins souffrent aussi. Et la vraie question, c’est : où sont les adultes ? » interpelle Samuel Comblez. « Si 32 % des auteurs disent ne pas savoir que c’est interdit, c’est bien qu’on ne leur a pas dit. »

mon enfant est un harceleur que faire

Le rôle essentiel des parents : veiller, comprendre, agir

La grande majorité des parents (64 %) se disent inquiets des usages numériques de leurs enfants. Mais plus de la moitié ignorent ce qu’ils font réellement en ligne, en particulier en primaire. Ce décalage entre inquiétude et contrôle effectif crée un sentiment d’impuissance.

Et pourtant, les parents ont un pouvoir d’action considérable :

Dialoguer quotidiennement sur le numérique

Il ne suffit plus de demander “comment s’est passée ta journée ?” Il faut aussi poser des questions comme : “Que se passe-t-il dans ton groupe WhatsApp ? ”, “Tu suis qui sur Instagram ? ”, “Quel jeu t’a le plus marqué cette semaine ? Pourquoi ?

Parler des usages numériques comme on parle des devoirs ou de la cantine, sans dramatiser mais sans banaliser non plus.

Fixer un cadre clair, ferme et bienveillant

  • Pas de réseaux sociaux avant 13 ans, c’est la loi. L’étude appelle à renforcer la vérification de l’âge, y compris pour bloquer l’accès aux contenus pornographiques.
  • Limiter les écrans dans la chambre, surtout la nuit.
  • Activer les contrôles parentaux, vérifier les groupes auxquels l’enfant appartient.
  • Encourager une “diète numérique” régulière, pour protéger le sommeil et la santé mentale.

comment savoir ce que fait mon ado sur son smartphone

Être attentif aux signaux d’alerte

Enfant qui perd le sommeil, qui change d’humeur, évite l’école, se renferme, ou éteint son écran dès qu’un adulte approche. Ces signes ne sont jamais à négliger. Il vaut mieux s’inquiéter pour rien que trop tard.

L’étude est sans appel : les enfants attendent que les adultes reprennent leur place dans le numérique. « Le numérique est devenu une zone sans adultes. C’est le seul lieu de vie d’un enfant dans lequel les parents ne posent pas de questions. On demande “comment s’est passée ta journée à l’école ?” mais jamais “que s’est-il passé sur WhatsApp ?” », regrette Samuel Comblez.

Utiliser les bons outils

Le 3018, numéro gratuit et confidentiel de l’association e-Enfance / 3018, est le réflexe à adopter en cas de doute ou d’alerte. Il est ouvert 7j/7, de 9h à 23h, par téléphone, chat ou application mobile, et disponible en 180 langues.

Il permet de parler à des psychologues, juristes, éducateurs spécialisés, d’obtenir des conseils concrets, de signaler des contenus, voire de faire supprimer une photo en deux clics grâce à un coffre-fort numérique sécurisé. « On ne se contente pas d’écouter, on agit. On est les seuls à pouvoir faire supprimer un contenu en quelques clics grâce à notre statut de signaleur de confiance auprès des plateformes », explique Samuel Comblez.

Or, 6 parents sur 10 ignorent encore l’existence du 3018. Le faire connaître est une urgence nationale. « Quand il y a le feu chez vous, vous appelez le 18. Quand il y a le feu sur Internet, il faut appeler le 3018 », insiste le psychologue. « Ce numéro peut littéralement sauver des vies. »

harcèlement scolaire role des parents

Des solutions concrètes existent pour lutter contre le harcèlement

La Caisse d’Épargne, en partenariat avec e-Enfance / 3018, va plus loin en proposant un accompagnement psychologique aux enfants victimes ou témoins de harcèlement, via les contrats d’assurance scolaire et santé :

  • Jusqu’à 5 entretiens téléphoniques + 3 en face-à-face, gratuits pour les assurés
  • Accès rapide, sans justificatifs
  • Réseau de 1 500 psychologues partout en France

Un soutien accessible, concret et rassurant pour les familles en difficulté. « Les parents attendent des solutions concrètes. Cet accompagnement permet de réagir vite et de ne pas rester seul », explique Simon Cascarano, directeur du développement B2C de la Caisse d’Épargne.

Un appel à la mobilisation générale

« Ce que montrent ces chiffres, c’est que le harcèlement n’est pas un fait isolé. C’est une violence massive, qui touche tous les milieux, tous les âges. Il est temps d’agir tous ensemble », rappelle Sandrine Ziza. « La souffrance des jeunes victimes de harcèlement est criante : perte de confiance, troubles anxieux, pensées suicidaires… Ces traumatismes profonds qui touchent les enfants dès le plus jeune âge ne peuvent plus être ignorés. Face à la méconnaissance du 3018, l’urgence est à la mobilisation collective. C’est par l’engagement coordonné des établissements scolaires, des parents, des plateformes numériques et des pouvoirs publics que nous pourrons enfin protéger efficacement nos enfants et adolescents. », conclut Justine Atlan, directrice générale de l’Association e-Enfance / 3018.

En 2025, les enfants attendent que les adultes reprennent la main. À l’école, dans la famille, sur les réseaux. Le 3018 existe. Mais il ne sert à rien si personne ne le connaît.

 

Sources : Etude Caisse d’Epargne – Association e-Enfance / 3018 – Etude online réalisée par l’institut Audirep en mai 2025 pour Caisse d’Epargne et l’Association e-Enfance / 3018.
1 602 binômes de parents-enfants de 6 à 18 ans scolarisés ont été interrogés (soit 3 204 répondants au total).

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