Les Vieux, une lumière vraie sur nos ainés

Blog Les Vieux, une lumière vraie sur nos ainés

Par Bénédicte Flye Sainte Marie le

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Claus Drexel, cinéaste à qui l’on doit Affaire de famille et le multi-primé Au bord du monde, se focalise dans son documentaire Les Vieux sur une quarantaine de personnes âgées, voire très âgées, et nous livre leurs ressentis sur leur vie, leur siècle, leur rapport aux autres et sur la perspective de la mort.

Les Vieux : l’histoire

Ils ont 85, 90 et jusqu’à 102 ans pour leur doyenne, Denise Darribère. Ils sont issus de milieux sociaux et professions très variés, de l’aristocrate propriétaire d’un château à l’ex-ouvrier de la mine, en passant par le militaire et le pêcheur de langouste. Et viennent de toutes les régions de l’Hexagone, de l’Alsace à l’Auvergne, en passant par la Corrèze,  le Cantal, les Cévennes, les Alpes, la Corse, la Bretagne et le Pays Basque. Ils sont Français de souche ou immigrés. Ils ont leur propre appartement ou maison, ou résident désormais en EPHAD.

Des femmes et des hommes qui ont comme seul point commun le fait d’être nés avant ou pendant la Deuxième Guerre mondiale se confient au gré d’échanges informels, sans lignes directrices prédéfinies, devant la caméra du réalisateur allemand Claus Drexel, sur leur parcours, leur position dans la société, sur la manière dont ils vivent la retraite, l’avancée dans le temps et la disparition des êtres chers… Mais également, encore plus intimement, sur ce qui se passe dans leur corps et dans leur tête…

A partir de quel âge ?

Les Vieux est un film documentaire à voir à partir de 14-15 ans, et pour les adultes.

L’avis de MAFAMILLEZEN

Les Vieux ne réaliseront certainement pas un dixième des entrées en salle des blockbusters Marvel. Pourtant, c’est un long-métrage édifiant, émouvant, parfois déchirant et nécessaire qui mériterait d’être vu par le plus grand nombre, parce qu’il permet de recueillir l’image et la voix de celles et ceux auxquels on ne s’intéresse jamais ou presque, et que l’on a tendance à considérer comme une frange de la population qu’il vaut mieux tenir à l’abri des regards, à savoir le quatrième âge. Car au-delà de l’extrême sobriété, pour ne pas dire le dépouillement, avec lequel Claus Drexel filme ses témoins, il montre qu’il y a mille et une façons de traverser la vieillesse, heureuse ou malheureuse, douloureuse ou apaisée, en bonne santé ou en étant très diminué(e)…

Mais il nous permet également de plonger dans un océan de souvenirs, notamment à propos de l’occupation allemande et de la guerre, « le seul truc important. Le reste, c’est du roman », dit l’une des interlocutrices de Claus Drexel. Cet opus dépeint aussi l’exil et de des persécutions qu’ils ou elles ont parfois subies et leurs visions et expériences par rapport au couple, à la solitude et la sexualité.

Les Vieux nous offrent par ailleurs une bonne dose de tendresse et d’humour par exemple lorsque Jean, ex-marin et fils de communiste, et son épouse Gaby, enfant de gaulliste (et néanmoins beaucoup plus féministe que son mari), racontent leur histoire d’amour et leur slows sur Only you : « Pas besoin de ces conneries des sites de rencontres. Nous, c’était le petit bal du samedi soir », raconte Jean.  On sourit de la même manière quand René Bogé mentionne l’affection qu’il porte aux employées de la maison de retraite dans laquelle il a pris ses quartiers. « Je les admire, celles qui prennent soin des vieux. Ce sont mes gamines ». Ou au moment où Denise évoque le fait qu’elle a bataillé, vu son âge, pour avoir le droit de donner sa dépouille à la science.

A contrario, on a parfois le cœur serré quand celle-ci explique « J’en ai marre, je suis un boulet pour moi et pour les autres. Je n’ai plus aucune utilité ». La détresse de Roland, angoissé par le fait de quitter l’existence au point d’avoir acheté il y a quelques décennies Suicide mode d’emploi, ou celle de Pierre Huitric, aujourd’hui en EPHAD, qui confie qu’il rêve souvent de sa femme décédée avant de réaliser au réveil qu’elle n’est plus là, sont aussi bouleversantes. L’au-delà dont il est justement souvent question et que la plupart, à quelques exceptions près, envisagent généralement avec sérénité.

Les Vieux sont aussi un bon moyen de sortir des clichés sur celles et ceux qui le sont, ni séniles, ni réactionnaires, ni éteints, mais riches au contraire de réflexions acérées, d’idées et d’envies malgré le physique qui ne suit plus comme avant, ou plus du tout. Comme l’explique l’une des témoins, « vous me mettez ma tête sur d’autres jambes, je vais courir comme une chèvre ». Et elle termine en assénant qu’elle gardera sa flamme et sa fougue jusqu’au dernier instant. « Je vais mourir en hurlant », explique-t-elle en un parfait épilogue.

Comme dit le réalisateur, ça nous rappelle que dans « vieux », il y a « vie » !

Les Vieux
Réalisé par : Claus Drexel
Genre :
film documentaire
Durée :
1h36
Sortie au cinéma :
le 24 avril 2024

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