Mon ado trouve que les parents d’à côté sont plus cools que nous

Blog Mon ado trouve que les parents d’à côté sont plus cools que nous

Par Anne-Marie Barreiro le

mon ado trouve que c'est mieux chez les autres

Les ados ont tendance à souvent comparer leur situation à celle de leurs camarades. Comment réagir quand la comparaison bloque la communication parent-ado ? Des pistes pour les aider à prendre confiance en eux et leur faire comprendre que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.

Nous vivons dans une société où les comparaisons les uns avec les autres occupent l’espace public et privé : on se compare à tout bout de champs par rapport à ses copines, ses voisins, son cousin, on compare les vêtements, les téléphones, les jeux vidéo qu’on a, ou que l’on n’a pas… La comparaison représente le jugement sur soi par excellence. Elle met dans une forme d’injustice, qui souvent n’est autre qu’un point de vue de la réalité. Cette sensation d’injustice (qui n’en est pas une) n’est pas bonne, ni pour l’estime personnelle, ni pour la confiance, ni pour la relation parents-ados. Malgré tout, il arrive que nous comparions aussi nos enfants : avec le fils de. Ou le voisin de. Ou avec ses cousins disant « ta cousine au moins, elle travaille, c’est pas comme toi ! »

Les situations classiques où les ados se comparent aux autres

 « Ma copine a plus d’argent de poche que moi ! »  

Pourquoi cette phrase adolescente place le parent dans une position inconfortable ? 

  • si le parent est permissif et qu’il dit « oui d’accord tiens voilà 30 euros » contre son gré, il ne sera pas en phase avec lui-même et sa conception de l’éducation
  • si le parent dit « non, c’est comme ça et pas autrement » il va affronter la colère de son adolescent. Lequel par représailles va se renfermer et couper le dialogue.

Dans les deux cas, l’inconfort du parent est bien réel.

Lire aussi : Mon ado se compare sans arrêt aux autres : 5 questions à un expert

« Mais les parents d’Amandine eux, ils la laissent sortir le jeudi soir ! »

On aurait même tendance à trouver que les parents « d’à côté » sont vraiment trop permissifs, qu’ils laissent tout faire à leurs ados. Des parents trop permissifs, c’est une question de point de vue. C’est la même chose que lorsqu’on demande « être jeune pour vous c’est quel âge ? » Selon son propre âge, être jeune c’est 20 ans, 40 ans, ou 50 ans ! On se rend compte ici que c’est relatif. Comme être permissif. Certains parents pensent que deux sorties par semaine c’est trop, d’autres trouvent que ce n’est pas assez. Cependant, il y a la réalité de l’adolescent. 

Si deux sorties par semaine sont autorisées dans une famille, peut-être que c’est parce que l’adolescent est engagé dans sa scolarité, son sport, sa musique, ou simplement à la maison. Par contre, si l’ado a une tendance flegmatique, s’il ne vient pas à table, s’il est décroché de la famille, deux sorties par semaine pourront être estimées trop.

« Papa lui il a de l’argent. Avec lui je peux faire ce que je veux ! C’est pas comme avec toi ! »

Dans le cas de cette famille divorcée, l’ado de 14 ans préfère vivre chez son père au désarroi de la maman, même s’il lui répète qu’il l’aime. Quand son adolescent compare la situation de ses deux parents, c’est qu’il est lui aussi prisonnier d’un système qui l’oblige à choisir « la meilleure place ». Il se force à aller chez sa mère alors qu’il préférerait le confort paternel. Nous sommes en présence d’un rapport de force dont l’enfant fait les frais. Comment alors l’amener, avec la communication, à prendre conscience de son acte, de ses mots, sans le culpabiliser et sans mettre de la dysharmonie dans la relation parentale ?

Voici un cas pratique où le parent est en apprentissage d’une autre façon de communiquer.

Lire aussi : Adolescent difficile : que faire quand on n’y arrive plus ?

Des pistes pour un nouveau parenting

#1 Apprendre à démontrer pourquoi « l’herbe n’est pas plus verte ailleurs »

« Tu te compares à Amandine qui peut sortir le jeudi et toi non. Penses-tu que nous avons tous les mêmes façons d’éduquer nos enfants ? Si Amandine a la permission de sortie le jeudi soir, quelles sont les permissions que tu as toi et qu’Amandine n’a pas ?» 

Si votre ado ne le sait pas, car elle ne se souvient pas, vous devez l’aider. Prenez un moment pour énumérer avec elle ses permissions y compris celles que vous lui avez données de manière exceptionnelle. Idéaliser que sa copine a une vie bien plus belle que la sienne est une illusion. Pour quitter ce mode de pensée, je vous invite à chercher tout ce que pourrait envier Amandine chez sa copine. Cela remettra les pendules à l’heure. Par exemple, « peut-être qu’Amandine, elle, aimerait bien avoir des sœurs comme les tiennes »

#2 Démontrer que lorsque votre ado se compare, il se dévalue (alors qu’il a tant de qualités lui aussi !)

Dès que votre ado vous dit « Paul a eu une meilleure note alors qu’il travaille moins que moi… », vous devez stopper son discours et le ramener à lui-même, à ses apprentissages, à sa personnalité. 

Ainsi vous pouvez lui dire : « Oui Paul a eu une bonne note et c’est super pour lui. Parle-moi plutôt de ta note à toi et de la manière dont tu t’y es pris, pour que tu puisses progresser. » Vous pouvez aussi saisir cette occasion pour lui rappeler que lui aussi, il est capable de ceci ou cela. D’où l’importance du carnet de croissance pour noter ses réussites. 

#3 Installer une règle de communication

Les parents doivent éviter de faire des comparaisons dans la vie en général et se mordre la langue dès qu’une comparaison arrive (par exemple : lui est mieux que lui, ou moi je suis moins bien, ou les autres sont plus riches, ou plus pauvres ou n’importe quoi d’autre…). En effet, plus il y a des comparaisons dans les discussions de tous les jours et plus cette façon de faire imprègne l’environnement des enfants

Rassurez-vous, on ne s’en rend pas compte la plupart du temps !  Mais désormais vous pourriez installer cette règle à la maison et vous surveiller.

#4 Doit-on céder à tout ? Quitter le rapport de force et revenir à la coopération

Quand on cède à toutes les demandes, lesquelles sont souvent sous la forme d’une exigence « moi aussi je veux ce que mes copines ont ! », on place l’adolescent dans l’insécurité et dans le « tout pouvoir ». Ce qu’il faut éviter à tout prix. 

Revenir à la coopération, c’est prendre un moment ensemble pour discuter des permissions, des attentes, des souhaits respectifs. Les vôtres et ceux de vos ados. Chacun doit être entendu et chacun a le droit d’avoir ses souhaits. Si vous êtes en mode « je ne cèderai rien », vous installez un rapport de force qui va nuire à la relation. Essayez une discussion la plus sereine possible et trouvez un accord ensemble.

Le rapport de force, la comparaison, la difficulté à dire, à être écouté sont des pièges de la communication dans lesquels on tombe très souvent ! 

Anne-Marie Barreiro est coach en communication et psychosociologue.

Elle est auteure de livres sur la relation Parents Ados :
Aider son ado à s’épanouir (2016) – Commander
– Parents-ados, comme chiens et chats ?! (2018) – Commander

Pour la contacter : 09.54.67.97.76
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