Pupille, le sens de l’émotion

Blog Pupille, le sens de l’émotion

Par Bénédicte Flye Sainte Marie le

Pupille

Pupille, deuxième long-métrage de Jeanne Herry après "Elle l’adore", dépeint avec une formidable justesse et tout autant de délicatesse les chemins qui vont mener une maman adoptive et son bébé l’un vers l’autre.

Pupille : l’histoire

Une jeune fille de 20 ans, étudiante, arrive à l’hôpital très enceinte. Elle s’apprête à mettre au monde un petit garçon, auquel elle n’a aucune place à accorder. Parce qu’elle ne l’a pas voulu et connaît très peu son papa. Parce qu’elle a des études à suivre et une vie à construire où il ne s’inscrit pas. Elle décide donc d’accoucher sous X afin qu’il soit adopté. Une assistante sociale va venir lui rendre visite pour s’assurer de sa décision…

Puis Théo, tel qu’on l’a baptisé, va être confié durant deux mois à un accueillant familial, soit le temps légal dont dispose sa mère biologique pour changer d’avis si elle désire le récupérer. Celui-ci, incarné par Gilles Lellouche, va lui tisser un cocon fait de stabilité et d’affection en attendant que Théo puisse trouver son port d’attache définitif. Il va s’occuper de lui nuit et jour sous son toit, en compagnie de sa fille et de sa femme.

Ce sont ces semaines intenses, indécises, où Théo commence son parcours sur Terre, alors que les services sociaux soupèsent, évaluent, examinent les candidatures pour tenter de lui trouver le ou les meilleurs parents possibles, que décrit ce film.

A partir de quel âge ?

12-13 ans, car la thématique n’est pas anodine et elle nécessite qu’on puisse la « digérer »

L’avis de MAFAMILLEZEN

PupillePupille commence sur la pointe des pieds. Puis il monte joliment en puissance, quand Gilles Lellouche, qui campe le « papa de transition », prend en main les destinées de Théo. Tout en tendresse, douceur et humanité, l’acteur surprend dans un registre qui ne lui est pas du tout habituel. On comprend que le personnage campé par Sandrine Kiberlain (irrésistible comme d’habitude !) ne puisse s’empêcher d’en tomber amoureuse ! A son image, les autres protagonistes du film, parmi lesquels on retrouve une belle brochette de comédiens, notamment Olivia Côte et Judith Siboni, sont très justes, jamais dans l’excès de langage ou dans la démonstration.

PupilleCe qui impressionne aussi, c’est la volonté de réalisme de Pupille puisqu’il n’élude pas et se montre même assez exhaustif sur ce qui concerne le parcours du combattant psychologique et administratif qui conduit à l’adoption. Sur ce qui fait qu’un dossier peut être privilégié, mis en stand-by ou rejeté…

PupilleLa plume de Jeanne Herry fait aussi mouche dans ce qu’elle perçoit du ressenti des tout-petits : tant qu’on ne lui a pas expliqué avec des mots explicites quelle est sa situation, Théo est comme coupé du monde et ne « naît » pas véritablement. Il ne devient capable d’interactions que lorsqu’il les a entendus. Un très beau moment, qui sent beaucoup plus le vécu que le cinéma… Et ce long-métrage vous en réservera beaucoup de la même veine.

PupilleOn vous met au défi par exemple de ne pas fondre en larmes lorsqu’Alice ( Elodie Bouchez) découvre pour la première fois charnellement celui qui va devenir son fils. C’est à la fois très pudique et incroyablement bouleversant. Il y a dans le regard d’Elodie Bouchez mille choses qui s’entrechoquent, le séisme de la rencontre, la joie d’avoir enfin son bébé, l’incrédulité que cet événement tant attendu se produise enfin, la timidité face à cet être qu’elle ne connait pas et la somme de douleur amassée, avant qu’on exauce son rêve de devenir maman.

Une magnifique fresque sur l’adoption et la puissance du désir d’enfant qui parlera à toutes et à tous…

Pupille
Réalisé par : Jeanne Herry
Avec : Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Sandrine Kiberlain
Genre : Drame
Durée : 1h47
Sortie au cinéma : Le 5 décembre 2018
A partir de 12 ans

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