Hypersensibilité émotionnelle, comment la transformer en force ?

Blog Hypersensibilité émotionnelle, comment la transformer en force ?

Par Céline Conte le Mis à jour le 13/01/2022

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Quand chaque événement du quotidien suscite des réactions émotionnelles démesurées, cela complique l’équilibre familial. Or, l’hypersensibilité émotionnelle est un trait de caractère assez fréquent et très utile à condition d’être assumé. Elodie Crepel est médiatrice familiale, psychanalyste et coach spécialisée dans le haut potentiel et l’hypersensibilité. Auteure de plusieurs ouvrages à succès dont « Ycare, un enfant sensible », elle partage avec MAFAMILLEZEN son regard positif et bienveillant.

Comment savoir si son enfant est hypersensible ?

L’hypersensibilité émotionnelle consiste à ressentir très fortement ce qui arrive. Elle se manifeste de multiples façons différentes. Deux signes restent récurrents.

L’hyperesthésie

L’hyperesthésie est le fait d’avoir certains sens plus affûtés. Par exemple, être gêné par les étiquettes dans les vêtements, des bruits stridents, certaines odeurs, ou lumières fortes. On ressentirait également davantage la douleur.

L’hyperréactivité émotionnelle

L’hyperréactivité émotionnelle est la réponse immédiate et très marquée aux aléas du quotidien. C’est un enfant qui rirait plus facilement, se montrerait plus curieux, plus enthousiaste, et plus câlin. De même, en cas de refus, de frustration, de déconvenue, la colère et la tristesse se manifesteraient de façon très poussée.

Un enfant hypersensible se sentirait en décalage avec les autres et éprouverait souvent des difficultés à se lier d’amitié. Il aurait besoin d’un temps important d’observation avant d’aller vers les autres. Il pourrait sembler réservé. Il aurait tendance à surinvestir le plan intellectuel au détriment du plan physique.

Etre hypersensible peut-il représenter un handicap ?

Il peut être douloureux de capter, comme une éponge, les émotions des interlocuteurs ou des situations. Une émotivité à fleur de peau provoque en général une grande fatigue émotionnelle et une tendance à s’isoler, à chercher le calme. En même temps, cette sensibilité dite profonde, utilisée à bon escient, aide à comprendre les besoins des autres et saisir intuitivement les aspects critiques des situations.

Dans un contexte scolaire, un des plus grands risques est d’être repéré comme une personne vulnérable, ce qui attire les « harceleurs ».

Comment transformer cette hypersensibilité émotionnelle en force ?

Il est essentiel que les adultes qui entourent l’enfant hypersensible acceptent cette façon d’être. Cela permet à l’enfant trop sensible d’assumer, de ne pas avoir honte. Et même d’être en mesure d’expliquer aux autres leurs propres réactions. « Je pleure ainsi quand je suis très triste. »

Il faut aider l’enfant sensible à se focaliser sur ce qui va bien dans l’environnement. La violence du monde, perçue très fort, s’avère une source de souffrance. Mais l’amour qui circule dans le monde monde, quand il est capté, donne une force extraordinaire. Tout comme la beauté de la nature. La créativité accrue des hypersensibles représente un atout pour mettre en relief cet amour et cette beauté.

Les « hypersensibles » amènent souvent leur entourage à s’ouvrir et à exprimer leur propre sensibilité. Ils savent parler de cœur à cœur ce qui est un talent utile, notamment pour faire évoluer les autres.

Quelle attitude privilégier ou éviter dans la famille ?

Le premier impératif : s’abstenir de coller à l’enfant hypersensible des étiquettes comme « fragile », « impulsif », « capricieux » ou « susceptible ».

Il ne s’agit ni de surprotéger ni de coacher son enfant. Il est illusoire de penser canaliser, ou « gérer » ses émotions. Une émotion se vit, s’accompagne, s’accueille surtout. Les parents peuvent simplement aider l’enfant à nommer ses émotions, à questionner, à prendre du recul.

Il faut aussi respecter le fait que son enfant n’ait pas envie de se mêler aux autres.

L’important est de lui donner confiance. En étant présent, patient, encourageant. En valorisant ses différences. Un enfant qui a confiance en lui est plus solide face au regard des autres. Il est capable de rire, par exemple, lorsqu’on le taquine.

Les réactions exacerbées d’un enfant hypersensible peuvent amener au doute des parents sur leur capacité à faire face et même au burn-out parental. C’est pour cela qu’il est essentiel d’être informé sur cette différence.

Votre livre « Ycare, un enfant sensible » représente donc un support de médiation pour la famille ?

A travers quelques tranches de vie d’Ycare, ce livre parle d’hypersensibilité à la fois aux enfants, aux parents et même aux grands-parents. C’est l’occasion d’un moment de partage qui permet à chacun de s’ouvrir à ses propres émotions et d’aborder la question de la sensibilité. Les illustrations poétiques, les questions, les activités proposées sont autant de prétextes à la réflexion en famille.

Ycare donne à voir chez un enfant hypersensible beaucoup de richesses à partager et surtout plein de supers pouvoirs, dont ceux de rendre notre monde plus doux et plus humain.

Pour aller plus loin :
Ycare, un enfant sensible. Auteure Elodie Crepel. Illustrations Fanny Vella. 14,22 €. Commander sur le site des éditions Ailes et Graines.
Deux histoires très tendres et un chapitre pédagogique « Les papotages bienveillants » pour ouvrir le dialogue.

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