L’artisanat, un secteur d’excellence à (re)découvrir

Blog L’artisanat, un secteur d’excellence à (re)découvrir

Par Sandrine Damie le

Métier de l'artisanat : boulangerie

Quel point commun entre un boulanger, un charpentier, un horloger et un maréchal ferrant ? Ils sont tous artisans, mêlant au quotidien des gestes traditionnels à des technologies innovantes. Et si l’artisanat était la voie idéale pour votre ado en quête de sens pour son avenir professionnel ?

L’artisanat : de quoi parle-t-on ?

Selon l’Insee, le secteur de l’artisanat en France est un poids lourd de l’économie nationale. Il représente 11,6 % du PIB et 10,8 % de l’emploi, soit environ 3,1 millions de personnes.

L’artisanat se déploie dans quatre grands secteurs d’activités : alimentation, bâtiment, fabrication et services. L’artisanat recouvre ainsi plus de 250 métiers :

  • Dans l’alimentation, vous pouvez devenir boulanger, pâtissier, glacier, boucher, crêpier, fromager ou encore brasseur, par exemple.
  • Dans le BTP, les artisans peuvent s’épanouir dans les métiers de plombier, chauffagiste, carreleur, charpentier, couvreur, électricien… autant de débouchés concrets et de proximité !
  • Moins connus, les métiers artisanaux de la fabrication permettent de travailler sur des projets d’exception : modiste, encadreur, horloger, maréchal ferrant, ébéniste, etc.
  • Enfin, dans le secteur des services, les débouchés sont variés en tant que coiffeur, fleuriste, accordeur de piano, couturier, esthéticienne-cosméticienne, etc.

L’artisanat en quelques chiffres clés :

  • 250 métiers dans plus de 500 activités différentes
  • 1 830 000 entreprises artisanales en France
  • 300 000 entreprises artisanales à reprendre dans les 10 ans
  • 36 000 font de l’exportation
  • 3,1 millions d’actifs dans l’artisanat dont 23 % de femmes
  • 330 milliards d’euros de chiffre d’affaires

Pourquoi choisir un métier dans l’artisanat ?

Si vous êtes à la recherche d’un métier qui vous permette de créer, de donner du sens à votre quotidien, d’être votre propre patron et de travailler avec vos mains, l’artisanat est peut-être fait pour vous.

De nombreux artisans ont fait ce choix de l’artisanat car ils ou elles aiment le travail manuel et ont la satisfaction de créer quelque chose de tangible. Ils aiment utiliser leurs compétences et leur créativité pour produire des produits ou des services utiles, avec une esthétique singulière, en exemplaire unique ou en petite production.

L’artisanat mêle techniques traditionnelles et innovations technologiques. De quoi créer de ses mains tout en bénéficiant de nouvelles technologies performantes et qui peuvent vous faire gagner un temps précieux dans vos réalisations !

Les parcours de formation sont variés, du CAP au diplôme des métiers d’art, permettant à chacun une insertion rapide.

À lire aussi : Communiquer avec mon ado et l’aider à choisir un métier

découvrir les métiers de l'artisanat

Les collégiens découvrent les métiers de l’artisanat avec l’association ©De l’or dans les mains

Quels diplômes dans l’artisanat ?

Les diplômes de l’artisanat et de l’artisanat d’art sont variés, avec des formations pointues allant du CAP à un bac + 5 en passant par un BP (brevet professionnel), un BTS, un DNMADE (diplôme national des métiers d’art et du design).

Certaines formations se préparent à temps plein en lycée professionnel ou en alternance dans un CFA (centre de formation d’apprentis). Des écoles privées proposent aussi des formations, reconnues ou non (bachelor, diplôme d’école, mastère spécialisé, etc.). Il est aussi possible de se former via les Compagnons du Devoir et du Tour de France pour les métiers du bâtiment et de la boulangerie-pâtisserie notamment.

Bon à savoir :
Dès la fin de la classe de 4e, votre ado peut s’orienter vers une classe « prépa métiers » pour les jeunes qui se destinent à la voie professionnelle.

Un événement pour découvrir les métiers de l’artisanat :
Pour avoir un aperçu des savoir-faire et de l’excellence des jeunes en apprentissage, rien de mieux que d’aller voir une épreuve des WorldSkills (compétition des métiers) dans votre région.

https://www.youtube.com/shorts/vRr8PDwgM9k

Pour susciter les vocations pour les métiers de l’artisanat chez les filles :
Pour valoriser les parcours de femmes engagées et susciter des vocations, le réseau des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) lance en 2024 la cinquième édition du prix « Madame Artisanat », avec le soutien du groupe AXA.

Interview de Gabrielle Légeret, fondatrice de l’association De l’or dans les mains, qui sensibilise les collégiens aux métiers manuels 

Comment est née l’association « De l’or dans les mains » et dans quel contexte ?

Gabrielle Légeret : J’ai grandi à la campagne. Toute mon enfance, j’ai observé les mains de mes grands-parents dans leur potager, celles de mon oncle tailleur de pierre ou de tous les artisans qui irriguaient le territoire. Puis année après année, des manufactures ou ateliers ont fermé, faute de transmission, faute de repreneur.

Parce qu’au collège, personne ne nous parlait de ces métiers, et encore moins de l’intelligence de nos mains, j’ai créé « De l’or dans les mains » en 2021, sur un double constat : 

  • D’une part, des manufactures et des ateliers qui se heurtent à de grandes difficultés en matière de transmission et de recrutement, tant ces filières ont été dévalorisées auprès des jeunes ces vingt dernières années.

On parle de 300 000 entreprises artisanales à reprendre.  parce qu’elles sont détenues par des femmes et des hommes qui ont plus de 55 ans. J’ai moi même grandi dans un petit village aux côtés de grands-parents ayant une ferme pédagogique, avoir un oncle tailleur de pierre, deux parents enseignants… et voir les manufactures de sa région fermer une à une, faute de repreneurs a marqué mon adolescence.

  • D’autre part, le collège unique tel qu’il est conçu aujourd’hui ne valorise qu’une seule forme d’intelligence, et qu’une seule façon de réussir : faire des études supérieures. Ce sont des millions de jeunes que l’on prive de révéler leur potentiel manuel et la possibilité d’être valorisés au sein du système scolaire autrement que par les attendus académiques.

Au-delà des enjeux d’orientation, on n’imagine pas ce que la pratique manuelle apporte au développement et à l’équilibre de l’enfant. En matière de développement cognitif mais aussi dans la relation au corps. Aujourd’hui, le sport est minimisé, la technologie c’est surtout de la programmation, et il n’y a plus d’endroit où on permet à la tête de se connecter au corps.

Ce sont des millions de jeunes que l’on prive d’exprimer leurs talents et leur potentiel autrement, parce qu’on ne leur offre pas cette fenêtre pour découvrir le plaisir, la joie de relier le corps, la tête, les mains et la matière.

© De l'or dans les mains

Gabrielle Légeret, fondatrice de l’association De l’or dans les mains. Ici à Cheillé, dans l’atelier de Dominique Foucher, tailleur de pierre.

Comment peut-on redonner ses lettres de noblesse à l’intelligence manuelle aujourd’hui ?

Gabrielle Légeret : Je suis convaincue que cela doit passer par l’école et par l’enfance. Il faut replacer l’intelligence manuelle et l’émerveillement face à la matière au cœur de l’école.

Aujourd’hui, il y a une prépondérance de la réussite académique au détriment de l’intelligence manuelle. Mais le système scolaire pensé de cette façon ne correspond pas à tous les enfants. Si les apprentissages ne sont pas connectés à la réalité, le jeune a beaucoup plus de risques de décrocher. En remettant en avant des matières scolaires avec davantage de pratique, on permettrait à des enfants de révéler leurs talents, de leur faire découvrir le plaisir de faire avec leurs mains, mais aussi de les sensibiliser aux matériaux, à leurs origines, aux étapes de fabrication, et donc d’éveiller la conscience de futurs citoyens.

Avec le développement des stages et de la découverte des métiers dès le collège, comment vous positionnez-vous auprès des établissements scolaires ?

Gabrielle Légeret : Les actions de l’association « De l’or dans les mains » s’intègrent pleinement à la découverte des métiers en classe de 5e, ainsi qu’aux dispositions d’Éducation artistique et culturelle avec le Pass culture. Nous avons donc souhaité créer une association qui a pour mission de sensibiliser les jeunes à ces métiers en travaillant main dans la main avec les enseignants et les artisans, pour faire entrer l’intelligence de la main au sein des établissements scolaires.

Les actions de De l’or dans les mains s’articulent autour de 3 volets :

  • « Raconter les métiers de la main » avec la production d’outils pédagogiques pour faire découvrir aux jeunes ces métiers avec leurs codes, et en lien avec leurs programmes scolaires ;
  • « Initier les collégiens » à travers son programme « Je découvre les métiers manuels » destiné aux élèves de 5e, un parcours d’éveil à l’intelligence manuelle de 15 heures déployé au sein des établissements scolaires.
  • « Faire bouger les lignes » grâce à une stratégie de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, notamment les ministres de l’Éducation nationale et de la Culture pour mieux intégrer la pratique manuelle au sein des cursus scolaires.
métiers de l'artisanat d'art

Découverte de l’artisanat d’art au collège avec l’association © De l’or dans les mains

Trouvez-vous facilement des artisans locaux pour partager leurs savoir-faire auprès des jeunes ? Qu’ont-ils envie de transmettre aux collégiens ?

Gabrielle Légeret : Nous avons déjà 547 artisans engagés à nos côtés, qui interviennent au sein de nos établissements partenaires. Ils apprennent aux élèves à fabriquer un objet à partir de leur savoir-faire, en lien avec le programme scolaire. Les élèves repartent avec une feuille d’arbre dorée à la feuille d’or, un dé en bois poli de leurs mains, une broderie sur leur jean, et des étoiles dans les yeux.

Quant aux artisans, ils sont heureux de transmettre et d’être valorisés dans leur métier. Ce n’est pas toujours le cas, lorsque vous êtes artisan à votre compte et que vous devez convaincre un à un vos clients que non, 120 euros pour une lampe faite à partir de bois local, ce n’est pas extrêmement cher, et ça a  beaucoup plus de valeur qu’une lampe Ikea.

Ce qui est extraordinaire, c’est la capacité des artisans à éveiller la conscience des enfants sur les ressources locales et leur préciosité, de leur montrer qu’ils ont chacun un extraordinaire pouvoir entre leurs mains. Ils changent le regard de centaines de jeunes.

découverte des métiers manuels au collège

Atelier de céramique dans un collège © De l’or dans les mains

Quels retours font les jeunes après ces découvertes de pratiques artisanales ?

Gabrielle Légeret : L’émerveillement et l’envie de poursuivre. Vous avez des jeunes qui prennent conscience de leur capacité à faire apparaître un objet sur terre à partir de leurs mains, et des ressources de leur territoire. Souvent, vous avez changé quelque chose en eux, et cette chose c’est leur confiance en eux-mêmes et en leurs capacités manuelles.

Quelles sont les perspectives de développement de l’association De l’or dans les mains pour 2024 ?

Gabrielle Légeret : Cette année, « De l’or dans les mains » est implanté au sein de 6 régions et permet à 4 000 jeunes de bénéficier de notre parcours de 15h “Je découvre les métiers manuels”, au sein de 25 établissements scolaires.

Nous avons plus de 100 établissements scolaires sur liste d’attente, ce qui est un signal résolument positif en faveur de la pratique artisanale, mais qui suppose pour nous d’embarquer de plus en plus de mécènes près à nous soutenir pour nous développer.

Pour aller plus loin

Chambre des métiers et de l’artisanat
Trophée Madame Artisanat
Institut national des métiers d’art
Mission Future – découverte des métiers
Association De l’or dans les mains

Ado en décrochage scolaire : comment le remotiver ?

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